Comprendre l'immobilier
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21 juin 2023
Des taux de crédit immobilier à 4% à la rentrée
Si les taux sur 25 ans dépassent les 4% d’ici la rentrée, ils auront quadruplé en un an et demi et pourtant, emprunter reste un bon plan. « Sur les crédits à 25 ans, le taux moyen est à 3,5 % en juin et il augmente à un rythme de 0,20 point par mois, décrypte Olivier Lendrevie, président du courtier CAFPI. Donc on sera à 4 % d’ici la fin de l’été. »
Pour les acheteurs potentiels, avec des taux passant de 1 à 4% en 18 mois, c’est une baisse de 25% de la capacité d’emprunt.
Les primo-accédants, avec moins d’apport et des revenus souvent plus faibles, seront les premiers à franchir ce seuil. « Fin 2023, tout le monde sera à 4 % sauf les meilleurs dossiers qui resteront en dessous », complète Maël Bernier, porte-parole de MeilleurTaux.
Une hausse des taux qui s’observe sur la production de crédit, qui s’effondre à 12,2 milliards d’euros en mai selon la Banque de France (hors renégociations), soit 45,9% de moins qu’en mai 2022.
Cette baisse du nombre de porteurs de projet s’explique par l’envolée des taux, mais également par des critères d’octroi durcis début 2022. D'autres acheteurs potentiels jouent délibérément la montre, attendant une franche baisse des prix, pour l’instant localisée et contenue.
« Dans le domaine immobilier, la hausse des taux raréfie les acheteurs et finit par faire baisser les prix, a d’ailleurs rappelé Agnès Bénassy-Quéré, deuxième sous-gouverneure de la Banque de France dans une tribune publiée jeudi. C’est une puissante force de rappel pour le pouvoir d’achat immobilier, même s’il peut exister un délai entre la hausse des taux et la baisse des prix. »
« Actuellement, les banques ne prêtent pas car elles ne gagnent pas d’argent »
Les professionnels du secteur expliquent qu’emprunter à 4% n’est pas si grave et qu’il s’agit d’un retour à la normale du secteur. « C’est plutôt la période dont on sort qui était anormale, relève un banquier. Celle des taux très bas, de l’argent gratuit. » « C’est une normalisation, confirme Pierre-Étienne Beuvelet, directeur général du réseau IN&FI Crédits. On retrouve des taux qu’on avait en 2012. ». En revanche, ces nouveaux taux n’incitent pas d’autant les banques à prêter et pour cause
« Les taux auxquels elles se financent sur les marchés, quand elles en ont besoin, sont stabilisés autour de 3 % donc il faut qu’elles prêtent à 4 %, relève Maël Bernier. Et pour cela, il faut un taux d’usure (le maximum auquel elles peuvent prêter, actuellement à 4,68 %, comprenant l’assurance, les frais…) à 5 % ou 5,20 %. Nous y serons en septembre et on aura le retour des banques sur le marché. »
Car en souscrivant un prêt immobilier, vous fixez une mensualité alors que les locataires subiront encore cette année une augmentation de loyer de 3,5 %. Qui aurait pu être supérieure sans son plafonnement par le gouvernement. Emprunter à 4% peut donc être une bonne solution, car la mensualité est fixe et renégociable à la baisse.
Et, argument massue, pas sûr que la hausse des taux s’arrête là. « Il faudrait avoir une boule de cristal, sourit Olivier Lendrevie. Dans les mois qui viennent, peut-être les gens regretteront-ils de ne pas avoir acheté à 4 % comme ceux qui pouvaient emprunter à 2 % il y a un an et qui ont fait le pari perdu d’un effondrement des prix. »
Source : Le Parisien/reproduction interdite