Comprendre l'immobilier
Besoin de connaître l’actualité immobilière ? D’un cours de rattrapage sur la dernière loi en vigueur ? Ou juste curieux sur un sujet précis ?
05 août 2023
Livret A : faut-il abandonner la formule de calcul du taux ?
Le Livret A, ce placement d'épargne réglementé très populaire en France, est au cœur d'une polémique concernant la formule de calcul de son taux de rémunération. Alors que les épargnants espéraient un taux historiquement élevé de 4,1 % au 1er août, la Banque de France a décidé de le maintenir à 3 %, invoquant une fois de plus des "circonstances exceptionnelles". Cette stagnation est la deuxième consécutive, puisqu'au 1er février, le taux avait déjà été maintenu à 3 % au lieu des 3,3 % attendus.
Cette formule de calcul du taux du Livret A a été mise en place en 2004 dans le but de le dépolitiser, afin de s'appuyer sur des critères objectifs et transparents. Des adaptations auront lieu ensuite en 2008, 2009, 2016 et récemment en 2021. Néanmoins, au fil des années, des dérogations à cette formule sont devenues monnaie courante, ce qui a soulevé des critiques et des interrogations quant à sa pertinence.
Certains experts se demandent comment une formule pouvant conduire à un taux difficile à gérer et contraignant a été mise en place, créant des problèmes de communication avec le grand public. La méthode de calcul du taux du Livret A repose sur la moyenne semestrielle de l'inflation et des taux de court terme. Toutefois, les circonstances économiques et financières souvent exceptionnelles rendent difficile l'application rigide de cette formule.
La controverse autour de cette formule reflète un dilemme plus large. La hausse du taux du Livret A à 4,1 % aurait été favorable aux épargnants, générant plus d'intérêts pour eux. Cependant, cela aurait également imposé une charge supplémentaire aux banques et aux organismes HLM qui gèrent une partie importante de l'encours du Livret A. Il a donc fallu arbitrer entre consommation et épargne et plus largement entre les intérêts difficilement conciliables des ménages français, des banques et des assureurs ou bailleurs sociaux.
Ce conflit d'intérêts entre les différents acteurs a mis en évidence le caractère éminemment politique de la détermination du taux du Livret A. Certains experts plaident pour un retour à une gestion discrétionnaire du taux par le gouvernement, assumant ainsi pleinement son rôle politique. Toutefois, le gouverneur de la Banque de France défend la formule en tant que "repère" et souligne que les dérogations peuvent aussi être bénéfiques aux épargnants, comme lorsqu'en période de taux bas, le taux du Livret A a été maintenu au-dessus du plancher fixé à 0,5 %.