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09 août 2023
WeWork : vers une faillite imminente ?
Autrefois exemple de « licorne », ces start-ups à la trajectoire fulgurante des années 2010, la société avait connu une première sérieuse alerte sur son modèle au moment de la survenance de la pandémie de Covid 19. Dans un document transmis mardi 8 août à la SEC, le groupe, toujours plus fragilisé du fait de la massification du télétravail, fait désormais part au régulateur d’« un doute substantiel sur sa capacité à poursuivre son activité ».
WeWork, pionnier des espaces de coworking, avait bénéficié entre 2017 et 2019 d’un investissement salutaire du fonds japonais spécialisé dans les technologies Vision Group, filiale de Softbank Group, à hauteur 9 milliards de dollars, considéré par beaucoup comme salvateur au début de la crise sanitaire. Une entrée au capital rapidement suivie par le départ d’Adam Neumann, fondateur de l’entreprise fortement fragilisé par l’échec de son introduction en bourse et les controverses sur sa gestion, qui avait mené WeWork à une perte de 3 milliards de dollars à la fin de l’exercice 2019.
Le contexte post-pandémie, marqué par une baisse de la demande en bureaux à l’échelle mondiale du fait de la massification du télétravail, a ancré sur la durée les difficultés de l’entreprise. Dans sa communication à la SEC, l'opérateur de bureaux partagés alerte ainsi sur les « pertes et des besoins de trésorerie prévus, combinés à l'augmentation du taux de désabonnement des membres et aux niveaux actuels de liquidité ». WeWork a essuyé une perte nette de 397 millions de dollars au deuxième trimestre, de 0,21 dollar par action diluée, contre une perte de 0,76 dollar un an plus tôt. Sur ce trimestre, ses revenus s'affichent toutefois en hausse de 3,6% à 844 millions de dollars contre 815 millions de dollars il y a un an, alors que ses liquidités ont fondu de 67% sur un an à 205 millions de dollars.
Selon le document déposé, la pérennité de l’ancienne start-up dépend désormais de « l'exécution réussie du plan de la direction visant à améliorer les liquidités et la rentabilité de l'entreprise dans les douze prochains mois ». Dans un tel contexte, WeWork indique envisager une restructuration, la négociation de conditions plus favorables pour les baux voire l'émission de titres de dette ou la vente d'actifs. « L'offre excédentaire dans l'immobilier commercial, la concurrence croissante dans les espaces flexibles et la volatilité macroéconomique ont entraîné un taux de désabonnement plus élevé et une demande plus faible que ce que nous avions prévu, ce qui a entraîné une légère baisse des adhésions. », a par ailleurs précisé David Tolley, directeur général par intérim de WeWork depuis le départ de Sandeep Mathrani, successeur en 2020 d’Adam Neumann jusqu’en mai dernier.
Sur la journée de mardi 8 août, son action a chuté de près de 24%, à 0,16 dollars, avant de perdre encore près de 38 % ce mercredi 9 août, à 0,13 dollars. Les graves difficultés de WeWork, qui avait été valorisée jusqu’à 47 milliards de dollars avant la pandémie, ont sérieusement écorné ces dernières années l'image du milliardaire japonais Masayoshi Son, fondateur de SoftBank Group, qui qualifiait en pleine crise sanitaire son investissement dans l’entreprise d’« erreur » dans un entretien à Forbes.