Comprendre l'immobilier
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1- Crédit immobilier : sous pression, le HCSF desserre partiellement les contraintes
Un an après avoir formulé des recommandations visant à éviter un emballement du crédit immobilier, le Haut conseil de stabilité financière (HCSF), qui rassemble les régulateurs et Bercy, a décidé ce jeudi 17 décembre, de les desserrer, notamment pour ne pas pénaliser les jeunes ménages. L’institution a présenté de nouvelles contraintes, moins strictes, mais qui s'imposeront désormais aux banques.
Un allégement des recommandations
Le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire a annoncé plusieurs inflexions dans les recommandations adressées par l’institution aux banques. Ainsi :
- le taux d’effort (c'est-à-dire la part des mensualités par rapport aux revenus du ménage) maximal recommandé est relevé à 35% (contre 33% jusqu’à aujourd’hui) ;
- la durée maximale des prêts est allongée de 2 ans, à 27 ans, pour certaines opérations ;
- le taux de flexibilité accordé aux banques (c'est-à-dire la part de crédit qui est autorisée à sortir de ce cadre) passe de 15 % à 20 % et sera davantage ciblé sur la primo-accession.
« Nous voulons être au plus près des besoins des ménages et notamment des primo accédants, a expliqué le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, à l'issue de la réunion. Il est essentiel pour nous que les Français puissent accéder facilement et dans les meilleures conditions au crédit lorsqu'ils sont primo-accédants. C'est le point clef de notre politique. »
Décision à double tranchant
Bruno Lemaire a expliqué vouloir « maintenir des conditions de crédit immobilier dynamiques mais saines pour protéger les ménages. » Le ministre s’est par ailleurs félicité des « effets positifs » des restrictions émises par le HCSF en décembre 2019. Toutefois, certaines banques ne les ont pas respectées. Du coup, « les recommandations du HCSF de décembre 2020 deviendront contraignantes à l’été 2021 », indique le ministre, alors qu’elles ne l’étaient pas jusqu’à présent. Ses services vont plancher sur les aspects juridiques et pratiques de ces futures règles.
Un assouplissement salué par les professionnels
La réunion était attendue par l'ensemble du secteur immobilier. Depuis les recommandations du HCSF en décembre 2019, et plus encore depuis la crise sanitaire, les professionnels sont vent debout contre un cadre qu'ils jugent trop restrictif.
Les courtiers en crédit, les agents ainsi que les promoteurs immobiliers n'ont eu de cesse d'accuser les régulateurs de priver une partie des Français de l'accès à la propriété - notamment les primo-accédants - et de prédire une chute du marché. En début de semaine, plusieurs organisations représentantes du secteur s'étaient encore associées pour adresser une lettre au gouvernement et à la Banque de France et porter des revendications.
L'ajustement des règles du HCSF « est une très bonne nouvelle. Il faut saluer le pragmatisme et l'écoute du terrain par rapport à une analyse macroéconomique qui était en décalage avec le ressenti des professionnels », s'est félicité de son côté Jean-Marc Torrollion, le président de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) qui poursuit « Cette inflexion était indispensable pour ne pas prendre le risque de bloquer la machine et rendre l’accès à la propriété inégalitaire. Elle était aussi nécessaire pour ne pas retarder le financement des travaux de rénovation énergétique, un chantier indispensable pour l’environnement comme pour la relance de l’économie ».
Même soulagement chez le courtier Cafpi, « Nous sommes satisfaits que les remarques que nous faisons depuis près d’un an aient été prises en compte. L’immobilier est essentiel pour la santé économique du pays et le financement des projets devenait de plus en plus difficile. » a réagi Philippe Taboret, son Directeur général adjoint.
« Cette décision est en phase avec notre réalité économique et sociale », s'est également réjoui Julien Carmona, le directeur général de Nexity.
De son côté, la Fédération bancaire française (FBF) a accueilli « avec satisfaction » la décision du HCSF, assurant que « les banques financent de façon responsable les projets de leurs clients en respectant leur capacité de remboursement et le reste à vivre ».
Sources : Les Echos / Reproduction interdite
2- La mobilité des grandes entreprises en Ile-de-France : quelle stratégie immobilière ?
En vingt ans, jamais le marché des bureaux d’Île-de-France n’aura connu un niveau d’activité aussi bas qu’en 2020, témoignant de l’impact de l’épidémie de Covid-19 sur les mouvements immobiliers des grandes entreprises indique la dernière étude de Knight Frank France.
Avant la crise sanitaire de 2020, le marché des bureaux d’Ile-de-France avait déjà connu plusieurs chocs, auxquels les entreprises avaient répondu en renégociant leurs baux ou en regroupant leurs effectifs sur de très grandes surfaces dans des secteurs de report aux loyers compétitifs. Ces opérations de regroupement avaient été particulièrement nombreuses entre 2008 et 2012, soulignant la priorité donnée à la rationalisation des coûts immobiliers dans un contexte alors dominé par la grande crise financière, et contribuant au succès de plusieurs marchés de 1ère couronne. Pour autant, le déséquilibre entre l’est et l’ouest de la région qui caractérise l’Ile-de-France depuis la tertiarisation de son économie et le développement de son parc de bureaux n’a pas été corrigé. L’analyse de la répartition des mouvements des grandes entreprises depuis 20 ans confirme ainsi la polarisation de l’activité au profit de Paris et des Hauts-de-Seine qui, sur la période, concentrent 70 % du volume des surfaces de bureaux de plus de 5 000 m² prises à bail. Paris intra-muros, dont la part est de 26 % depuis 20 ans, a même vu celle-ci passer à 30 % lors des 10 dernières années et à 34 % en cinq ans.
A contrario, à Paris on remarque un rééquilibrage Est-Ouest. « Des entreprises des nouvelles technologies se sont installées à l'Est, comme Blablacar, qui a quitté le centre de Paris pour la Bastille. De nombreuses banques ont pris des bureaux dans les 12e et 13e arrondissements » indique David Bourla Directeur des Etudes chez Knight Frank France
Par ailleurs, la répartition géographique des prises à bail supérieures à 5 000 m² depuis 20 ans souligne la formation ou la consolidation de clusters, regroupements d’utilisateurs de mêmes secteurs d’activité au sein des mêmes secteurs géographiques. Ainsi, le secteur bancaire privilégie par exemple l’est de Paris (12e et 13e) et quelques villes de 1ère couronne (Montreuil, Fontenay-sous-Bois, Montrouge, etc.), tandis que la Boucle Sud (Issy-les-Moulineaux, Boulogne, Meudon) est un secteur de prédilection pour les entreprises de la communication et des nouvelles technologies. Ces pôles de spécialisation traduisent le poids de l’héritage dans la prise de décision immobilière des entreprises, mais aussi leur volonté de tirer parti des avantages induits de tels regroupements en matière d’image, de proximité avec la clientèle ou de capital humain. Paris se distingue par la grande diversité de ses utilisateurs : les sièges sociaux y très sont nombreux et la capitale a de surcroît profité ces dernières années de la percée des Tech et des opérateurs de coworking. On note ainsi que 83 % des surfaces de plus de 5 000 m² prises à bail depuis 2016 en Ile-de-France l’ont été à Paris.
Sources : Les Echos - Knight Frank / Reproduction interdite