Comprendre l'immobilier
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11 sep. 2023
À Paris, l’immobilier de luxe à son tour frappé par la baisse des prix
Le secteur de l'immobilier de luxe à Paris, qui avait longtemps semblé résister à la crise économique, est désormais touché par une conjoncture inédite depuis plus de quinze ans. Alors que les stocks de biens de luxe ont grimpé de 31 % par rapport à 2022, les prix commencent à fléchir, une tendance qui surprend par son caractère inhabituel. Cependant, l'ultra-luxe, représentant des biens d'une valeur supérieure à 3 millions d'euros, maintient une certaine stabilité.
Pour les acheteurs fortunés disposant de budgets compris entre 1 million d'euros et 3 millions d'euros, la situation a changé. Ils négocient davantage et repoussent parfois leurs projets d'achat. Richard Tzipine, directeur général de BARNES, explique que « les acheteurs ont bien compris qu’ils avaient la main » et que « quasiment toutes les offres sont 10% inférieures aux prix de départ » pour cette tranche de prix.
L'augmentation des taux d'intérêt a contribué à cette évolution. Les acheteurs fortunés, bien que disposant de ressources financières considérables, sont devenus plus prudents, espérant que les prix continueront de baisser. Ils multiplient désormais les offres sur plusieurs biens pour renforcer leur pouvoir de négociation, comme le souligne Jérôme Quentel, directeur du développement de Vaneau : « Ils font des offres sur plusieurs biens à la fois, ce qui leur permet d'améliorer encore leur levier de négociation. »
Cette situation a incité les agents immobiliers à réadapter leurs stratégies. Alors qu'ils étaient submergés d'appels il y a encore deux ans, ils doivent maintenant explorer leurs fichiers clients existants pour trouver des acheteurs potentiels.
Les biens immobiliers de 130 à 140 mètres carrés avec trois chambres, évalués à 1,5 million d'euros, sont considérés comme le produit type. Toutefois, la rareté et les caractéristiques exceptionnelles, comme une terrasse ou une vue panoramique, jouent désormais un rôle essentiel dans la détermination de la valeur des biens. « Quand les taux étaient proches de zéro, tout se vendait, il n’y avait plus vraiment de distinction entre les étages ou les arrondissements, analyse Richard Tzipine. Maintenant, on revient à des exigences plus conformes au marché du luxe avec des étages supérieurs bien plus chers que des étages inférieurs, de grandes différences entre arrondissements… »
Malgré la baisse significative de l'activité de l'agence Barnes dans la tranche de 1 à 3 millions d'euros, qui représente une part importante de leur chiffre d'affaires, Richard Tzipine reste optimiste, affirmant que « plus on monte dans les prix, plus le secteur est déconnecté de la réalité économique ».
En fin de compte, malgré la baisse des transactions, les experts estiment que les prix devraient se stabiliser et repartir à la hausse une fois qu'ils auront retrouvé leurs niveaux d'avant 2020. Le marché de l'immobilier de luxe à Paris reste donc volatile pour l'instant, avec des acheteurs fortunés cherchant à tirer parti de la situation actuelle.