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29 sep. 2023
Crédit immobilier : Bruno Le Maire crée la confusion avec ses annonces
Le secteur bancaire est dans l'incertitude suite aux déclarations contradictoires du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, concernant l'assouplissement des règles d'octroi de crédit. Ces annonces vont à l'encontre de la position de la Banque de France, créant ainsi un climat de cacophonie. Les banques s'apprêtent à discuter de la situation.
Cette semaine a été marquée par une série de rebondissements dans le secteur du crédit immobilier, laissant les acteurs perplexes. Les déclarations du week-end dernier, laissant entendre que le ministère de l'Économie envisageait de relâcher les critères d'octroi de prêts, ont ravivé l'espoir chez certains courtiers qui observent depuis des mois la montée des taux de crédit avec inquiétude.
Cependant, mardi après-midi, les conclusions du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) ont brisé cet espoir. Les autorités ont affirmé que les règles d'octroi de crédit, notamment le plafond de 35% pour le taux d'endettement et la limite de 25 ans pour la durée du prêt, ne constituaient pas le problème principal. Leur priorité était de permettre aux banques d'utiliser de manière plus efficace la flexibilité déjà à leur disposition pour déroger à ces règles.
Confusion chez les professionnels
Malgré cela, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a suscité la confusion en déclarant au Parisien quelques heures après les conclusions du HCSF qu'il envisageait « d'assouplir les règles d'octroi de crédit pour les banques, notamment en augmentant le taux d'endettement maximal ». Il a également proposé de relever les plafonds de ressources du Prêt à Taux Zéro (PTZ) et de créer un Prêt à Taux Bonifié (PTB) pour soutenir les classes moyennes.
Ces annonces ont semé la confusion et suscité l'étonnement parmi les banques, qui n'avaient pas été consultées sur ces dispositifs de prêts. Elles prévoient de se réunir au sein de la Fédération Bancaire Française (FBF) pour discuter de la situation.
Le cofondateur d'Artémis Courtage, Ludovic Huzieux, a critiqué cette confusion, soulignant le manque de préparation et de coordination dans les prises de position. Du côté du courtier CAFPI, Caroline Arnould, sa directrice générale réagit : « En lançant l’idée d’un PTB, Bruno Le Maire tombe dans un travers récurrent de l’exécutif hexagonal : le mille-feuille, c’est-à-dire l‘empilement brouillon des réglementations, des dispositifs, des lois… ».
Les banques prudentes mais ouvertes
Concernant l'assouplissement des critères d'octroi de crédit, certaines banques estiment que cela pourrait comporter des risques, mais elles ne sont pas toutes opposées à cette idée. Une dirigeante de banque estime que les règles du HCSF ont été conçues pour un contexte où les taux étaient très bas et qu'aujourd'hui, elles sont devenues contraignantes. Elle suggère un peu plus de souplesse pour répondre aux besoins des emprunteurs.
L'épisode met en évidence les tensions croissantes entre le ministère de l'Économie et la Banque de France. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, estime qu'il n'est pas nécessaire de modifier les critères d'octroi de crédit et que le crédit n'est pas devenu plus rare, même s'il est plus coûteux. Cette position irrite le ministère de l'Économie, sous pression de l'industrie immobilière, qui souffre de la hausse des taux de crédit.
Il reste à voir comment cette situation évoluera. Certains suggèrent d'adapter les règles en tenant compte de la situation personnelle de l'emprunteur, ce qui permettrait d'apporter plus de souplesse dans l'octroi de crédit. L'idée de remplacer le critère du taux d'endettement par celui du “reste à vivre" est évoquée, car un taux de 35% d'endettement n'a pas la même signification pour un salarié gagnant 2 000 euros par mois que pour quelqu'un en gagnant 10 000.
En fin de compte, l'incertitude persiste dans le secteur du crédit immobilier, laissant les acteurs dans l'expectative quant à l'évolution des règles d'octroi de crédit en France.