Globalement résilient en 2020, en dépit du choc brutal et inédit de la pandémie sur l'activité économique mondiale, le marché immobilier tricolore peut-il tenir sur le même rythme cette année ? Les premières tendances se dessinent.
Pour Jean-Marc Torrollion Président de la FNAIM, « En ces temps troublés, l’immobilier se confirme comme une valeur refuge pour les Français. Malgré les confinements, la situation économique incertaine, la pierre apparaît comme un investissement fiable et pérenne. »
Plusieurs réseaux constatent pour l'heure une stabilisation des prix de l'immobilier résidentiel ancien, voire de légères baisses dans certaines zones comme dans la capitale. Cela est notamment dû aux attentes élevées des vendeurs, qui ne correspondent pas forcément à la réalité du marché pour le moment. De même à Paris, le réseau Century 21 remarque que l'évolution du marché au dernier trimestre laisse envisager qu'un plafond a été atteint et que la progression des prix parisiens semble s'enrayer.
Mais il ne faut pas s'attendre à un retournement brutal de la tendance. « Bien sûr, souligne Thomas Lefebvre, directeur scientifique de Meilleurs Agents, le marché immobilier ne sortira pas indemne de la crise économique qui s'annonce. » Observant que depuis septembre, une phase de repli s'est amorcée, celle-ci « ne devrait pas conduire à un effondrement notamment grâce au maintien de la confiance des ménages et à des taux d'emprunt qui resteront exceptionnellement bas. »
Si Paris ni aucune des dix plus grandes villes de France ne semblent pouvoir échapper à la phase de stabilisation des prix constatée depuis la rentrée, d'après Meilleurs Agents, certaines villes résistent néanmoins mieux que d'autres et devraient continuer à le faire en 2021. A l'image de Lille, Strasbourg et Nantes.
L'exode urbain est en marche
Vivre à la campagne, quitter les grandes métropoles, acheter une maison avec jardin… les Français n'ont jamais autant rêvé de bouger. La crise sanitaire et les confinements à répétition ont fait passer à l'acte un certain nombre d'entre eux. Ils ont aussi fait émerger une tendance de bi-résidence permise grâce au télétravail. Cette envie de plus vert, de plus spacieux et de moins citadin a été mise en avant par tous les grands réseaux immobiliers. Pour certains, elle reste un épiphénomène, pour d'autres, c'est le prélude à un vrai changement de mode de vie.
D'après une récente étude de Liberkeys, agence immobilière digitale, la nouvelle résolution 2021 des Français qui souhaitent déménager, c'est de vivre à la campagne (50 % des sondés), devant les villes moyennes (38 %), suivit des grandes villes (12 %). Attention toutefois aux engouements précipités pour les zones rurales ou les villes moyennes. Le réseau Orpi constate déjà quelques revirements : « On observe, à la marge pour l'instant, que des biens achetés par des citadins dans des zones plus rurales à l'issue du premier confinement sont de nouveau mis en vente aujourd'hui. D'où l'importance de se projeter sur le long terme et d'être accompagné par un professionnel pour bien questionner son projet », commente Christine Fumagalli, présidente d'Orpi.
« Cette fois, il convient plutôt de souligner une amorce de rééquilibrage. La campagne et les petites localités ont commencé à enrayer leur baisse, alors que leur dégringolade, constante depuis dix ans, s’opérait jusqu’alors à un rythme autrement plus soutenu. » précise Jean-Marc Torrollion.
Les ménages peuvent emprunter un peu plus facilement
Principal carburant des projets immobiliers, le crédit voit globalement ses conditions s'améliorer. Tout d'abord sur le plan des taux d'intérêt pratiqués. Déjà très bas en fin d'année dernière - les taux moyens toutes durées confondues (hors assurance et coût des sûretés) baissaient encore à 1,20 % en novembre 2020 selon l'Observatoire Crédit Logement -, ils continuent, d'après des courtiers en crédit, de reculer.
Par exemple, selon Pretto, fintech du crédit immobilier qui s'appuie sur l'analyse de près de 60.000 projets de financement d'investissement locatif simulés sur son site pretto.fr, des records de taux bas ont été à nouveau franchis en fin d'année. Le taux moyen des projets financés sur 20 ans par son intermédiaire est ainsi passé de 1,13 % en janvier 2020 à 1,09 % en décembre 2020. Et, « d'après les premiers barèmes de taux reçus en janvier, souligne Pierre Chapon, cofondateur de Pretto, les conditions de taux restent bien orientées. » Il ajoute : « Il n'y a pas de raisons macroéconomiques à ce jour pour que les taux remontent. »
D'autres voyants sont au vert. Les nouvelles recommandations du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), qui vient d'assouplir les conditions d'octroi du crédit, devraient favoriser le retour des emprunteurs, tels que les primo-accédants ou encore les seniors. Les banques restent en revanche encore restrictives sur les investissements locatifs.
« Nous espérons que cette mesure profitera en priorité aux primo-accédants, comme l’a demandé le gouvernement, et qu’elle pourra bénéficier équitablement à tous les clients, ceux des courtiers comme ceux des banques ! » explique Philippe Taboret, Directeur général adjoint de Cafpi.
Seul vrai bémol au sujet du crédit, l'impact de la montée du chômage menace la solvabilité des ménages.
Source : Les Echos / Reproduction interdite
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