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10 jan. 2024
La fiabilité du DPE mise en doute par une étude
Une étude du Conseil d’analyse économique et de Crédit Mutuel Alliance Fédérale s'est intéressée au lien entre diagnostic de performance énergétique et consommation réelle d’énergie. Il en ressort des écarts significatifs, et une fiabilité remise en question.
L'importance de mesurer avec précision la performance énergétique des bâtiments est cruciale pour les politiques environnementales, étant donné que le secteur résidentiel représente environ 20 % des émissions de CO2 en France. Bien que des progrès aient été réalisés récemment, le CAE souligne que des indicateurs fiables restent essentiels, notamment chez les particuliers où les émissions liées au chauffage, à l'eau chaude et à la cuisson ont diminué de 7,5 % au cours des neuf premiers mois de 2023.
Le CAE, un centre d'étude rattaché à Matignon, a examiné la fiabilité du DPE, un outil critiqué par les professionnels de l'immobilier et les particuliers pour son manque de fiabilité. Le rapport du CAE, basé sur des données bancaires pour une évaluation précise des consommations énergétiques des ménages, révèle un écart significatif entre la consommation réelle d'énergie et celle prédite par le DPE.
Cet écart s'explique par des biais dans le calcul du DPE et par un effet comportemental appelé l'effet rebond. Les ménages ont tendance à ajuster leur consommation en fonction du confort énergétique de leur logement, faussant ainsi les économies d'énergie après une rénovation. Selon le CAE, cet ajustement comportemental explique les deux tiers de l'écart mesuré entre la consommation réelle et celle prédite par le DPE.
Le rapport met en lumière le concept d'« Energy Performance Gap » en utilisant un échantillon de 178 110 ménages. Il révèle que le DPE surestime considérablement la consommation d'énergie des logements moins performants (à partir de la lettre D). Selon les calculs du CAE, la hausse réelle de la consommation par mètre carré est de 86 % entre les logements les plus performants (A et B) et les moins performants (G), soit six fois moins que la prédiction du DPE.
Le rapport souligne également que la taille du logement atténue la progressivité de cette surévaluation. Les logements de moins de 30 m² ont une consommation réelle nettement supérieure à leur consommation prédite, contredisant ainsi l'idée selon laquelle le DPE pénalise les petites surfaces.
Enfin, les caractéristiques sociodémographiques telles que l'âge, le revenu et la composition du ménage sont des facteurs déterminants, représentant jusqu'à 45 % de la variance totale observée. Ainsi, la consommation des ménages dépend autant des revenus que de l'étiquette DPE, les ménages plus aisés ayant une consommation largement supérieure à la prédiction, tandis que celle des ménages plus modestes est inférieure.
Ces résultats appellent à une refonte du DPE, mais la direction de cette réforme reste à définir, suscitant un débat qui devrait être tranché en ce début d'année.