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23 mar. 2021
Sans-abrisme : la ministre du Logement se prononce en faveur d’une « loi de programmation pluriannuelle »
Pour clôturer la semaine nationale contre le sans-abrisme, organisée par la Fédération des acteurs de la solidarité, Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, s’est prononcée en faveur d’une « loi de programmation pluriannuelle, soit un cadre d’action contractuel et des moyens budgétaires dans la durée ».

« Il est nécessaire de sortir de la culture de l’urgence, cette drogue dure qui nous fait agir au coup par coup, tous les trois ou six mois », a déclaré la ministre, faisant référence aux solutions temporaires et coûteuses (jusqu’à 100 par jour et par personne d’après la Cour des comptes). « Reste à convaincre quelques ministères », a-t-elle ajouté. « Nous pourrions ainsi identifier à une échelle territoriale le bon nombre de places en centres d’hébergement dont on a besoin, celui des places plus volatiles et temporaires et, surtout, la cible de logements nécessaires, très sociaux, en pensions de famille ou dans le parc privé en intermédiation locative. » 

Malgré un report du 30 mars au 31 mai, la fin de la trêve hivernale approche, avec un nombre record de personnes logées dans des hôtels (près de 70 000) et dans des structures d’accueil temporaire (près de 60 000) qui risquent de ne plus être hébergées. « Nous avons donné des instructions pour ne remettre personne à la rue et réorienter le plus grand nombre possible vers un logement durable », a voulu rassurer Emmanuelle Wargon.  


Des situations complexes qui exigent de multiples solutions
  

Pour Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat qui fédère 600 organismes HLM, « il n’y a pas de bouton magique pour éradiquer le sans-abrisme, ce sont des situations complexes qui exigent de multiples solutions ». Elle a également fait un rappel sur la saturation du parc social, avec « ses 2 millions de demandeurs en attente dont beaucoup de publics tous prioritaires – réfugiés, femmes victimes de violence, bénéficiaires du droit au logement opposable, jeunes sortant de l’aide sociale à l’enfance –, à tel point que l’on ne sait plus qui est prioritaire sur l’autre. Et face à cela, le peu de logements à loyer très social disponibles ». L’ancienne ministre du Logement a par ailleurs soumis plusieurs idées, telle que de « racheter des hôtels, mais on ne nous en propose pas ». 

Le directeur de la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement, Sylvain Mathieu, a ajouté sur le sujet du rachat des hôtels que « le plan de relance a pourtant prévu des crédits pour cela, mais les hôteliers ne sont pas disposés à vendre leurs murs, seulement leur commercialité, ce qui ne nous intéresse pas. C’est peut-être un peu de notre faute, car nous sommes les premiers clients de ces hôtels », puisque l’État assure leur remplissage et donc leur rentabilité. 


Jouer un rôle pivot
  

Au sujet du nouveau service public, « De la rue au logement », devant permettre d’optimiser les efforts et les capacités d’accueil des personnes sans domicile, Sylvain Mathieu a expliqué que « dans chaque département, les services intégrés de l’accueil et de l’orientation, qui gèrent le numéro d’urgence 115, sont appelés à jouer un rôle pivot dans ce dispositif, en mettant autour de la table tous les acteurs concernés. Car les responsabilités sont partagées entre l’État, bien sûr, les collectivités locales et les bailleurs sociaux ».  
Pour conclure, Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, a déclaré : « revaloriser le travail social, permettre aux étrangers d’obtenir leurs titres de séjour lorsqu’ils y ont droit afin de pouvoir les reloger, remédier à la panne du logement social, en particulier dans les communes qui ne prennent pas part à la solidarité et, surtout, écouter les personnes en situation de pauvreté sont les quatre éléments-clés de la réussite d’une action collective qui mène les sans-abri de la rue au logement ». 

Source : Le Monde / Reproduction interdite. Lire l'article
Crédit photo : Antoine DE RAIGNIAC.
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