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31 mar. 2021
Faire du logement avec du bureau : le nouveau pari d’Anne Hidalgo
Pour résorber le déficit de logement à Paris, Anne Hidalgo veut doubler les transformations de bureaux en logements. Toutefois, des points noirs sont à prendre en compte.
Dans le cadre de son appel à projet urbain « Réinventer Paris 3 », la maire de la capitale vise à transformer bureaux et lieux de travail en logements, comme c’est déjà le cas pour l’ancien magasin Tati à Barbès. La stratégie en urbanisme de la mairie de Paris s’est glissée vers une politique de réhabilitation et de transformation, après avoir encouragé les constructions. A ce jour, environ 350 000 mètres carrés de surface ont été atteints lors du premier mandat d’Anne Hidalgo. Dans les années à venir, la mairie de Paris prévoit de doubler les surfaces transformées.
Deux facteurs poussent ce phénomène et permettent ainsi une optimisation de la surface immobilière : le télétravail généralisé depuis la crise sanitaire de la Covid-19 et la tendance du « flex office », à savoir une organisation de l’espace de travail sans bureau attitré et une installation réduite du nombre de postes. Sur les 54,5 millions de mètres carrés du parc immobilier francien, l’IEIF estime qu’entre 3,3 et 6 millions de mètres carrés de bureaux pourraient être disponibles à la transformation en logements si les entreprises poursuivent le télétravail partiel (2 à 2,2 jours par semaine). Le « flex office » accélère l’obsolescence de l’immobilier tertiaire. Ainsi, les entreprises recherchent davantage des locaux équipés d’espaces collaboratifs et de mobiliers adaptés à ces nouvelles organisations de travail.
Cependant, transformer des bureaux en logements est un véritable casse-tête technique. En effet, les architectes doivent repenser à la fois la structure de l’immeuble (façade vitrée, mur porteur, hauteur au plafond, désamiantage) et à l’aménagement interne (création de pièces humides, respect des normes thermiques, acoustiques, et d’accessibilité). Également, de nombreux spécialistes du secteur estiment que cette tendance ne suffira pas à pallier au manque de logements. Dans une tribune publiée sur « Le Moniteur Immo », Norbert Fanchon, Président du Directoire du Groupe Gambetta, évoque lui « de la poudre aux yeux ».
Pour limiter ces coûts, les architectes se mettent au « bâtiment réversible ». Cette nouvelle conception permet d’accueillir soit des bureaux, soit des logements, au moyen de modifications minimes. Cette approche a séduit la mairie de Paris qui ambitionne de l’imposer dans les prochaines constructions.