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18 nov. 2024
Lever de boucliers contre le pastillage de la Ville de Paris
Le projet de Plan Local d’Urbanisme « bioclimatique » (PLUb) de Paris, porté par la maire Anne Hidalgo, vise à transformer certains espaces emblématiques de la capitale en logements sociaux, notamment des immeubles de bureaux du Triangle d’Or, des presbytères, ou des bâtiments haussmanniens rénovés. L’objectif affiché est d’atteindre 40 % de logements publics d’ici 2035, dont 30 % sociaux et 10 % abordables, pour encourager la mixité sociale et répondre aux besoins de familles et de travailleurs essentiels.
Pour cela, des mesures comme l’instauration d’une « servitude de mixité fonctionnelle » (réservant 10 % des projets de plus de 5 000 m² aux logements) et la conversion de bureaux en habitations ont été prévues. Cependant, ces dispositions suscitent une vive controverse. Propriétaires, investisseurs institutionnels et acteurs religieux dénoncent une approche dogmatique et une application arbitraire de ces « pastillages » qui contraignent aux travaux ou à la revente des biens concernés, du faut d’une chute potentielle de la valeur, voire à un changement de métier, un gestionnaire de bureaux se mettrait à gérer des logements sociaux.
Malgré la suppression de 120 pastilles après une enquête publique ayant recueilli plus de 10 000 contributions, le dispositif reste critiqué pour sa vision jugée simpliste et déconnectée des réalités locales. Le rapport de l’enquête souligne notamment un manque de prise en compte des spécificités des quartiers ou des activités économiques existantes. « Le choix des emplacements n’intègre aucunement le quartier, ses aménités, l’articulation des activités économiques existantes, les particularités professionnelles de certaines adresses, le microcosme typiquement parisien de certains endroits ou la typologie des habitations existantes », critiquent les auteurs du rapport.
Les écoles privées et les propriétés religieuses, particulièrement touchées, ont aussi mobilisé l’opinion, entraînant des ajustements partiels. Pourtant, des propriétaires de bureaux ou d’immeubles rénovés s’inquiètent de l’impact financier et logistique d’une telle politique, remettant en question sa faisabilité et son équilibre entre habitat, économie et patrimoine. Côté immobilier de bureaux, « pas loin de 300 immeubles de bureaux pastillés ont fait l’objet d’une contestation » indique la commission d’enquête.
En conclusion, si la mairie de Paris défend une ambition de solidarité et de durabilité, les opposants voient dans ce PLUb une menace pour l’attractivité, la diversité économique et le patrimoine architectural de la capitale, redoutant une « insécurité juridique » et un frein à la transition écologique.
Source : Le Figaro/Reproduction interdite