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13 jan. 2025
L’habitat participatif prend doucement racine en France
L’habitat participatif reste minoritaire en France, avec seulement 10 000 personnes concernées. Toutefois, le mouvement connaît une certaine dynamique depuis les années 2000, avec environ 700 projets en cours ou en gestation représentant près de 6 000 logements. Ces initiatives, soutenues par la loi ALUR de 2014 qui a reconnu l’habitat participatif, restent souvent confrontées à des obstacles juridiques, financiers ou administratifs. Néanmoins, des dispositifs comme MaPrimeRénov’ et des subventions locales facilitent désormais leur développement.
L’îlot Effel, situé à Malaunay (Seine-Maritime), à 15 km au nord de Rouen, est un exemple emblématique. Cette ancienne école maternelle a été transformée en un lieu de vie partagé réunissant neuf logements privatifs et des espaces communs : une grande salle chaleureuse, une buanderie équipée de quatre machines à laver, une chambre d’amis partagée, ainsi que des équipements extérieurs comme des potagers et un poulailler, conçus et entretenus par les habitants eux-mêmes. Ce projet, né de valeurs communes autour de l’écologie et du vivre-ensemble, privilégie la mutualisation des ressources et favorise des liens sociaux forts. 
 
Les habitants de l’îlot Effel participent activement à la vie collective. Des réunions mensuelles permettent de gérer les espaces communs et de planifier les travaux collectifs, souvent suivis de repas partagés. La prise de décision se fait au consentement, une méthode favorisant le consensus et le respect des opinions. Les habitants organisent également des activités culturelles et sociales ouvertes au voisinage, renforçant ainsi le lien avec la communauté locale. 
 
Contrairement à un projet immobilier classique, l’îlot Effel n’a pas été conçu par un promoteur mais cocréé par ses futurs habitants. Ces derniers ont opté pour une structure juridique en société civile, chaque membre achetant des parts correspondant à son futur logement. Ils ont travaillé ensemble, en autopromotion, pour concevoir des logements personnalisés, isolés en laine de bois, tout en limitant leur empreinte carbone en réutilisant des éléments de l’ancienne école, comme les radiateurs et les portes. Malgré la complexité et la durée du projet, qui a pris plus de sept ans entre l’idée initiale et l’emménagement en mars 2023, les habitants se disent ravis du résultat. 
 
Le succès de l’îlot Effel s’inscrit dans une tendance où les projets privilégient de plus en plus la réhabilitation de bâtiments existants, notamment en milieu rural. Ce choix réduit les coûts et l’impact environnemental, tout en permettant une plus grande mixité sociale et intergénérationnelle. L’influence de ce type d’habitat s’élargit également grâce à l’implication croissante d’élus, de bailleurs sociaux et même de petits promoteurs, qui intègrent ces démarches dans des projets sociaux ou d’accession à la propriété. 
 
Porté par un élan de solidarité et de durabilité, l’habitat participatif séduit de nouveaux profils, comme des jeunes actifs, des familles monoparentales ou des retraités en quête de sens et de proximité sociale. Ses avantages, tant sur le plan humain qu’écologique, laissent espérer une expansion plus significative dans les années à venir. Comme l’exprime Dominique, une habitante de l’îlot Effel : « Si l’habitat participatif se développe, il pourrait changer notre société. » 

 

Source : Le Monde / Reproduction interdite 

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