Comprendre l'immobilier
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20 jan. 2025
Les prix d’acquisition se négocient sans fin
Les renégociations sur les prix immobiliers, autrefois rares, se sont intensifiées ces dernières années, au point d’irriter de nombreux vendeurs. Selon Élodie Frémont, notaire à Paris et porte-parole des Notaires du Grand Paris, il n’est plus rare de voir des acheteurs réclamer des concessions jusqu’à la signature, souvent pour des demandes insignifiantes mais déstabilisantes, comme le paiement de badges d’accès ou la remise de clés supplémentaires.
Cette pratique, relancée par la hausse des taux d’intérêt et la diminution du nombre d’acquéreurs, contraste avec la période post-Covid où les ventes étaient rapides et sans négociation. Aujourd’hui, malgré une légère baisse des taux, les acheteurs restent très exigeants, profitant de leur position de force dans un marché plus équilibré.
Les agents immobiliers confirment cette tendance. On note une hausse des offres agressives, souvent bien en deçà des prix demandés. Les négociations peuvent devenir si tendues que certains vendeurs préfèrent retirer leur bien du marché plutôt que de céder davantage. « Un acte d’achat est un engagement pour toute une vie, explique Loïc Cantin, président de la FNAIM. L’acquéreur a pleinement conscience du pouvoir de négociation dont il dispose dans le marché d’équilibre comme aujourd’hui, il a repris la main, il est en position de force et c’est normal qu’il soit plus regardant sur le coût, les qualités de son futur bien, son entretien et son classement énergétique ».
Un autre facteur amplifiant ces renégociations est la sensibilisation accrue au diagnostic de performance énergétique (DPE). Avec les restrictions sur la location des logements les plus énergivores, les acheteurs utilisent ce critère comme un levier pour faire baisser les prix, selon Julie Piron de l’agence ERA à Bordeaux.
Paradoxalement, même si les prix immobiliers en France ont baissé en moyenne de 5 % sur deux ans, les marges de négociation restent stables autour de 7,5 %. Cependant, la pression exercée par les contraintes financières et les exigences des banques sur le coût des travaux maintient une dynamique de tension dans les transactions. « Les banques sont plus ouvertes, elles accordent plus de crédits mais elles tiennent compte du coût des travaux dans le montant du crédit demandé qui, lui, ne doit pas dépasser 35 % maximum des revenus d’un ménage », précise Caroline Arnould, directrice générale de CAFPI.
Ainsi, la méfiance entre acheteurs et vendeurs persiste, dans un marché où chacun cherche à maximiser ses avantages, rendant les négociations de dernière minute plus fréquentes et parfois inévitables.