Comprendre l'immobilier

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24 mar. 2025
Explosion des expulsions locatives : un phénomène sans précédent
En 2024, la France a constaté un nombre record d'expulsions locatives, avec 24 039 procédures exécutées, soit une croissance de 87 % par rapport à 2023, selon la Chambre nationale des commissaires de justice (CNCJ). Ce chiffre reste pourtant bien en dessous des 145 000 assignations de locataires en difficulté (+6 % sur un an), beaucoup de procédures se concluant par un règlement amiable ou un relogement avant d'aboutir à l'expulsion.

L'augmentation du coût de la vie, notamment des charges énergétiques et des travaux, aggrave encore la situation, particulièrement dans les grandes villes où le lien social est plus ténu et les solutions amiables plus difficiles à trouver. Tandis que dans les zones rurales, les expulsions se soldent souvent par des départs volontaires. Régis Granier, vice-président de la CNCJ, note même des cas où des locataires abandonnent leur logement en laissant les clés à un voisin. 


La loi Kasbarian dans le viseur 

Les associations de défense des locataires dénoncent les effets de la loi Kasbarian, qualifiée d’"antisquat", qui aurait accéléré les décisions d’expulsion en réduisant les marges de manœuvre des juges pour étaler les paiements des dettes, selon Marie Rothhahn de la Fondation Abbé Pierre. Elle déplore une stigmatisation des locataires fragilisés par des accidents de vie, laissés sans solution d'accompagnement. 

Côté propriétaires, le point de vue diffère : pour Sylvain Grataloup, président de l'Union nationale des propriétaires immobiliers, cette loi est nécessaire pour protéger les bailleurs, souvent eux-mêmes en difficulté financière. Sans paiement du loyer, ils ne sont plus en mesure de payer les échéances de leur emprunt. Il réclame même la suppression de la trêve hivernale, estimant que l'État doit prendre en charge les locataires en difficulté et non les propriétaires. 


Les copropriétaires aussi sous pression 

La crise touche également les copropriétaires. Près d'un million d’entre eux peinent à payer leurs charges, menaçant l’équilibre financier de quelque 800 000 copropriétés. Dans les petites copropriétés, le défaut de paiement de quelques copropriétaires suffit à fragiliser tout l’immeuble, parfois au point de suspendre les assurances.  

Émile Hagège, président de l’association des responsables de copropriétés, alerte sur la hausse des charges (+50 % en dix ans) et sur les lourds travaux à venir, souvent non provisionnés, notamment en matière d’isolation thermique. De nombreux propriétaires découvrent alors, trop tard, des appels de fonds colossaux. 


Source : Le Parisien / Reproduction interdite 

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