Comprendre l'immobilier

Besoin de connaître l’actualité immobilière ? D’un cours de rattrapage sur la dernière loi en vigueur ? Ou juste curieux sur un sujet précis ?

20 mai 2020
Résumé de l'actualité immobilière du 19 mai
1- Le marché immobilier amorce sa reprise, mais des signaux d’alarme apparaissent 2- La France et l’Allemagne s’entendent sur un fonds de solidarité européen de 500 milliards d’euros 3- Quelles perspectives pour le télétravail avec la fin du confinement ?
1- Le marché immobilier amorce sa reprise, mais des signaux d’alarme apparaissent  


Bien que l’offre et la demande restent dynamiques, les prix pourraient baisser, selon plusieurs experts. Depuis le 11 mai, le marché immobilier poursuit sa remontée en charge. Les visites ont repris, les agents immobiliers enregistrent de nouveaux mandats de vente, et les acheteurs recommencent à formuler des offres. Une dynamique naissante qui rassure professionnels et observateurs, après 2 mois d’arrêt quasi total. Le phénomène concerne toute la France : Près de 83 % des vendeurs comptent poursuivre leur projet de vente, selon un récent sondage du réseau Orpi. Et plus de 68 % des acheteurs affirment souhaiter continuer leurs recherches, s’ajoutant à de nouveaux clients depuis le 11 mai. « On a eu 180 rendez-vous la semaine de reprise. Ce n’est pas moins qu’avant l’arrêt forcé du marché », s’étonne Mickaël Bouchot, à la tête de 5 agences Laforêt dans l’est de la France.  
 
Baisse des ventes attendue en 2020 
 
Pendant les 2 derniers mois, les agences ont poursuivi leurs échanges avec leurs clients, ce qui leur permet aujourd’hui de boucler des ventes. Dès l’annonce, mi-avril, de la date du déconfinement, la demande a amorcé sa reprise. « Les coups de fil et les marques d’intérêt ont repris à partir du moment où les clients ont pu à nouveau se projeter », confirme Éric Allouche, directeur exécutif d’ERA France. S’adaptant à la conjoncture, les agences ont multiplié les visites virtuelles en 3D ou via un smartphone : une flexibilité dont elles récoltent aujourd’hui les fruits. « Les visites d’appartements confirment une intention d’achat. Dans le contexte actuel, les clients ne se déplacent pas par simple curiosité », indique ainsi Nathalie Naccache, de l’agence Fortis Immo à Paris. Un regain d’activité salutaire pour des agences durement éprouvées par le confinement : les mois d’avril et de mai sont normalement les plus dynamiques en termes de ventes. 
 
«Ces 2 mois représentent traditionnellement 20 % de l’activité de l’année », juge Thomas Lefebvre, directeur scientifique de Meilleurs Agents. Selon le portail, près de 120 000 ventes n’ont pas été réalisées. Des transactions non-réalisées qui, selon les professionnels, ne seront probablement pas toutes rattrapées. Surtout, promoteurs et agents immobiliers s’interrogent sur l’avenir du marché, une fois passée la période de bouclage des ventes ajournées pendant le confinement. Ils attendent particulièrement la rentrée de septembre, lorsque l’ampleur des faillites et des destructions d’emploi sera connue. « C’est l’économie générale d’un pays qui conditionne l’envie d’acheter. Or, les Français n’ont encore rien vu de la crise : l’économie est sous perfusion, car portée par les pouvoirs publics », rappelle Christian de Kerangal, directeur général de l’Institut de l’épargne immobilière et foncière (IEIF). Entre acheteurs et vendeurs, l’« équilibre des armes » a changé : Dans les villes prisées, les candidats à l’achat se sentent en position de force pour négocier, idée encore inenvisageable il y’a quelques mois. « Des négociations plus rudes et plus longues sont à attendre », prévoit le site Meilleurs Agents dans son baromètre mensuel. 
 
Les acheteurs en position de force 
 
Certaines agences immobilières ont commencé à alerter les vendeurs de l’impact possible de la crise sanitaire sur les prix : « C’est le cas quand les clients sont dans une démarche de vente pour acheter, avec un crédit-relai, et doivent aller vite. Les agences leur disent qu’ils devront sans doute faire des efforts sur le prix pour vendre dans les temps », observe Jean-Michel Ciuch, directeur du cabinet Immo G Consulting. Autre facteur baissier, l’appétit des acheteurs risque de se heurter à la frilosité des banques. En prévision de la crise à venir, les établissements financeurs ont encore durci leurs conditions d’accès au crédit, toujours plus dissuasives pour les clients sans apport conséquent. Par ailleurs, les recommandations du HCSF, prises fin 2019 dans un contexte de saturation du marché, pénalisent aujourd’hui sérieusement les nouveaux dossiers. Par conséquent, selon Immo G Consulting, les baisses de prix pourraient atteindre, d’ici à 2021, jusqu’à 10 % à Paris et au cœur des métropoles régionales et jusqu’à 20 % dans les territoires les plus dépréciés en province. Un pronostic qui ne fait pas consensus : « Je pense qu’il n’y aura pas de krach ni de baisse massive des prix de l’immobilier », estime Alain Dinin, PDG de Nexity, dans le JDD. Selon lui, seules les petites villes verront les prix chuter, alors que, dans les métropoles, l’offre va rester rare et la demande conséquente.  

Source : Le Figaro

2- La France et l’Allemagne s’entendent sur un fonds de solidarité européen de 500 milliards d’euros 


Après plusieurs semaines de négociations longues et difficiles entre les différents gouvernements européens sur la réponse commune à apporter aux crises sanitaires et économiques, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont annoncé conjointement, le 18 mai, la création d’un fonds de solidarité européen. Ce fonds de relance de 500 milliards d’euros créé pour soutenir les pays et les secteurs les plus touchés est le fruit d’un long travail de concertation entre la France et l’Allemagne.  
 
Ce montant considérable représente trois fois et demie le budget annuel de l’Union européenne. S’il est adopté, il s’ajoutera aux 540 milliards d’euros déjà accordés par l’Eurogroupe, le 9 avril, dans le cadre du programme de prêts à l’économie orchestrés par le Mécanisme européen de stabilité et la Banque européenne d’investissement. 
 
Revirement des positions allemandes sur une dette commune 
 
Longtemps opposée à tout mécanisme de redistribution monétaire ou de dette commune, l’Allemagne a fait un virage à 180° pour répondre aux attentes des pays les plus en difficultés face à la crise du coronavirus, Italie, Espagne et France en tête. Ce changement de position allemand a été initié il y a quelques jours par la cour constitutionnelle de Karlsruhe. La plus haute juridiction allemande avait jugé illégaux les programmes d’achats d’actifs lancés par la Banque centrale européenne. Angela Merkel a donc décidé de s’opposer à la juridiction suprême allemande en adoptant un nouveau paradigme politique européen plus solidaire. 
 
Ce tournant historique a même été qualifié de « saut quantique » par le Président français. « Là on ne parle pas d'eurobonds, mais de fonds de relance, on crée une dette nouvelle liée à un contexte nouveau, on ne parle pas de dettes du passé. Et dans ce cadre, l'Allemagne accepte d'apporter sa garantie à cette dette commune, et elle accepte qu'elle soit utilisée pour des transferts », détaille Emmanuel Macron.  
 
Un fonds ayant plusieurs objectifs 
 
Ce fonds de solidarité devra principalement servir au soutien de plusieurs enjeux fixés par le Président et la Chancelière : 
 
·         Sanitaires : création de stocks stratégiques européens de produits médicaux tout en augmentant le budget de la recherche médicale 
 
·     Economiques : relocalisation en Europe de productions stratégiques pour consolider la souveraineté économique et industrielle de l’UE. 
 
·         Environnementaux : avec la création de « critères environnementaux pour les secteurs soutenus » afin de maintenir l’objectif de la neutralité carbone à horizon 2050. 
 
Qui doit encore être négocié au niveau européen  
 
Cet accord historique entre la France et l’Allemagne ne doit pas masquer les réticences à la création d’une dette commune qui restent fortes dans certains pays. Les Etats du nord de l’Europe, avec notamment les Pays-Bas sont très opposés à toute forme de redistribution ou mutualisation des dettes avec les pays du sud. L’Autriche a d’ailleurs été la première à s’exprimer, dès lundi soir, en déclarant que « l’aide européenne doit prendre la forme de prêts et non de subventions ». L’Eurogroupe doit se tenir le 11 juin pour une réunion physique qui promet d’être tendue et cruciale pour l’avenir de l’Union monétaire. 
 
3- Quelles perspectives pour le télétravail avec la fin du confinement ?  
Selon un sondage OpinionWay-Square Management, alors que près d’un tiers des salariés ont testé le travail pendant la période de confinement, 40% souhaitent réitérer cette expérience ponctuellement. L’enjeu est de trouver un équilibre au sein de la société entre les salariés pouvant exercer le télétravail, et ceux ne le pouvant pas.  
 
La majorité des salariés convaincus par la pratique du télétravail  
 
La crise sanitaire du Covid-19 a entraîné la généralisation du télétravail. En un temps éclair, des millions de salariés, issus de divers secteurs, ont adopté la pratique, désormais largement plébiscitée puisque 40% des actifs souhaiteraient désormais télétravailler. En outre, 80% des actifs ayant exercé leur activité à distance souhaitent poursuivre dans ce sens, au moins en partie.  
 
Face à ses chiffres, Bruno Jeanbart, Directeur général adjoint d’Opinion Way réagit : « Des pourcentages élevés qui montrent que la crise a sensiblement renforcé la demande pour travailler depuis chez soi. », avant d’ajouter : « Finalement, le déblocage a eu lieu chez les salariés mais encore plus chez le management. Celui-ci pouvait être inquiet jusqu'ici, se disant qu'il était préférable d'avoir les équipes sous la main. L'expérience de ce printemps prouve que, dans la plupart des cas, le télétravail, ça marche ».  
 
Toutefois, il convient de souligner que la demande de télétravail chez les salariés reste ponctuelle puisque seulement 9% des actifs interrogés aimeraient continuer à télétravailler à temps complet, tandis que la majorité envisage de télétravailler plutôt un, deux ou trois jours par semaine. Il apparaît également que 44% des femmes seraient davantage tentées par la pratique du travail à distance, contre 36% chez les hommes.  
 
Le télétravail : un danger pour le maintien du collectif ?   
 
La pratique du télétravail engendre une profonde mutation du monde du travail, qui se répercute sur l’ensemble de la société.  
 
Dans un premier temps, il est important de noter que la possibilité de télétravailler ne concerne pas tous les salariés. Si près de la moitié (46%) des catégories sociales supérieures ont continué leurs activités à distance, seulement 18% des personnes occupant des emplois moins qualifiés ont pu faire de même. Dans une étude publiée la semaine dernière, France Stratégie note d’ailleurs que « Les activités nécessitant aujourd'hui une présence physique des travailleurs sont majoritairement des métiers d'employés et d'ouvriers […]. Les indépendants, au premier rang desquels les commerçants dans l'alimentaire, forment aussi le bataillon de celles et ceux qui vont au front chaque jour ».  
 
D’autre part, le pratique du télétravail, qui, au péril du collectif, pousse davantage à l’individualisation, déjà présente dans le monde du travail, peut entraîner des interrogations concernant « la possibilité de maintenir un collectif à distance et un dialogue social dématérialisé » note France Stratégie. Des discussions pourraient s’ouvrir sur le sujet entre les syndicats et le patronat. 
 
Interrogé la semaine dernière par BFM sur les perspectives du télétravail dans le monde, Jean-Louis Chaussade, Président du conseil d’administration de Suez Environnement, a appelé à se montrer « prudent », expliquant que « certes on fera des économies en termes en termes de m2 et de kilomètres parcourus mais il faudra prendre encore plus soin de nos salariés […] et trouver les moyens d'une convivialité nécessaire au bon fonctionnement de l'entreprise ».  
 
Une situation délicate pour les emprunteurs les plus fragiles tels que les primo-accédants sans apport ou à l’épargne très réduite, les particuliers en situation précaire (travail d’intérim ou bien CDD), les co-emprunteurs sans emplois, les personnes souhaitant souscrire un crédit individuellement mais avec des revenus modestes ou bien les personnes ayant la santé fragile. 
 
Des prêts octroyés difficilement 
 
Selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, le nom de prêts immobiliers octroyés au 1er trimestre 2020 a chuté de 25,5% dans le neuf par rapport à l’année précédente, tandis que la production de crédits à diminué de 12,5% en un an. L’économiste Michel Mouillart estime qu’environ 200 000 ménages pourraient être exclus du marché d’ici 2021 à cause de la crise du Covid-19, et du resserrement du crédit. 
 
Ainsi, il est certes nécessaire de veiller au risque de surendettement, cependant, il est fondamental que cette considération ne freine pas la bonne reprise du marché. En effet, les banques devront ajuster leurs taux et assouplir certains critères pour que les différents marchés puissent réellement redémarrer.  
 
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