Comprendre l'immobilier
Besoin de connaître l’actualité immobilière ? D’un cours de rattrapage sur la dernière loi en vigueur ? Ou juste curieux sur un sujet précis ?
La situation sanitaire exceptionnelle actuelle nous amène à nous questionner sur les répercussions économiques profondes à terme. Des pans entiers de l’économie sont à l’arrêt et beaucoup ne s’en relèveront pas. Les secteurs les plus touchés, ceux frappés directement par la crise, sont : les transports aériens, l’événementiel, le tourisme, ou encore le divertissement.
Le marché de l’immobilier, s’il n’est pas directement touché par la crise, en subira les répercussions. L’arrêt de l’activité a obligé les agences immobilières à fermer, et les transactions de biens ont sérieusement diminué. L’interruption des travaux dans le BTP a elle aussi ses conséquences sur l’immobilier neuf. S’il est admis que l’immobilier subit lui aussi la crise, la question est de savoir à quel point et dans quelle mesure.
Une forte récession inéluctable
La situation économique post-pandémie dépendra de la durée du confinement. L’activité immobilière ne pourra reprendre que lorsque l’épidémie de coronavirus sera jugulée.
Nicolas Bouzou, économiste et professeur à l’université Panthéon-Assas, estime qu’il est difficile aujourd’hui de prévoir l’amplitude de la récession. Elle pourrait se situer entre 3 et 15% voire 20% du PIB.
Si l’ampleur de la récession est déterminante lors du retour à la normale, certaines tendances peuvent être anticipées.
En effet, la consommation des ménages a baissé le temps du confinement, de l’ordre de 50 à 60%. En conséquence, le taux d’épargne a augmenté pendant cette période. Les ménages sortiront de cette crise avec un pouvoir d’achat élevé.
Après un choc économique d’une telle envergure, la reprise sera tout aussi importante. Selon Nicolas Bouzou, elle dépendra de l’état psychologique des populations quand le virus sera maîtrisé. Plusieurs facteurs entrent en jeu : la découverte d’un vaccin, le temps de confinement, l’anxiété ambiante dans la population… L’économiste estime à ce sujet qu’on pourrait connaître une croissance économique de l’ordre de 3 à 4% du PIB annuel après la crise. La reprise de l’activité et de la consommation risquent de repartir à la hausse de façon spectaculaire après la période de confinement. L’ampleur de cette crise et des changements économiques induits sont inédits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Un risque d’inflation et de dévaluation monétaire
Nicolas Bouzou nous indique que l’injection massive de liquidité dans l’économie par les banques centrales (FED et BCE) fait courir un risque important d’inflation. Si cette injection semble être vitale pour sauver de nombreuses activités économiques, elle engendrera d’autres conséquences sur le marché et bouleversera les relations entre l’offre et de demande.
D’une part, cette crise sanitaire entraînera une baisse importante de l’offre due à l’arrêt de certaines chaînes de production et au ralentissement du commerce international, entrainant une raréfaction de certains biens. D’autre part, l’augmentation du taux d’épargne des ménages risque de les pousser à consommer en masse, entrainant l’épuisement de certains produits, entraînant automatiquement une hausse des prix .
L’immobilier dans tout ça ?
Le secteur immobilier ne sera pas épargné par la crise : une baisse globale du prix du mètre carré est très probable. Mais la crise subie actuellement n’est pour l’instant que conjoncturelle. Même si les résidences étudiantes et les hôtels se vident, et les chantiers sont au ralenti, le secteur ne court pas de risque structurel.
En prenant en compte l’effondrement de la bourse, et le risque de dévaluation monétaire lié à l’injection massive de liquidités dans l’économie, les investisseurs chercheront une valeur refuge. L’immobilier a toujours su être un bon rempart contre l’inflation.
Certains professionnels prévoient une hausse des prix du mètre carré à moyen terme. Il y aura une flambée des prix de l’immobilier d’ici 4 à 5 ans et ces tendances risquent de renforcer l’exclusion des Français qui veulent accéder à la propriété . Les primo-accédants vont donc être pénalisés à court et moyen terme.
Le secteur du tourisme s’adaptera à cette crise grâce à la demande nationale. Le trafic aérien international, notamment concernant les longs courriers, risque certainement de se tarir pendant quelques années. Outre les dommages économiques irréversibles sur le secteur, la peur du virus perdurera sûrement dans les consciences et refroidira l’envie de longs voyages. Néanmoins, cette perte de touristes internationaux sera compensée par les vacanciers français qui préféreront profiter de leurs congés en France.
Les résidences étudiantes, si elles se vident actuellement, se rempliront de nouveau. Les étudiants ne vont pas arrêter d’étudier et retourneront à l’université très prochainement.
Le secteur de l’hébergement des séniors ne sera pas déstabilisé. Si certaines résidences sont touchées par le virus, ces résidences ne sont pas appelées à se vider. Le vieillissement de la population est un phénomène «pratiquement irréversible» et il y aura, en 2050, plus de personnes âgées de plus de 60 ans qu’il y en aura de moins de 15, indique une étude statistique des Nations unies.
Cette situation n’est donc que conjoncturelle : le secteur de l’immobilier ne fera pas faillite suite à la crise épidémiologique. La pierre reste et restera une valeur refuge.