IFC, filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, et HSBC Global Asset Management lancent un fonds d’investissement en obligations vertes baptisé Regio pour lequel ils ont levé 474 millions de dollars.
Destiné au marché obligataire, son objectif est double : soutenir les pays émergents et contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, dans un contexte de crise où les marchés émergents ont subi beaucoup de volatilité et des sorties massives de capitaux.
Un premier tour de table de 474 millions de dollars vient d’être bouclé avec sept investisseurs privés, dont l’assureur britannique Aviva et BNP Paribas Cardiff, et d’autres négociations sont en cours. « Nous visons un montant de 750 millions à un milliard de dollars. », précise Xavier Baraton, responsable monde de la gestion obligataire pour HSBC Global Asset Management.
Plusieurs catégories d’entreprises exclues
L’objectif de Regio est d’élargir la palette d’opérateurs économiques. En effet, les sociétés ont souvent du mal à se financer, notamment par l’obtention de crédits bancaires. L’intérêt de ce fonds est aussi de permettre l’emprunt en devises locales. Au-delà des entreprises, 20 % seront réservés aux banques et 20 % aux collectivités territoriales.
« Le marché obligataire, incluant les obligations vertes, apporte une faible rémunération dans les pays développés. Avec ce fonds, nous offrons à la fois un fléchage vert qui sera ensuite contrôlé, car il repose souvent sur du déclaratif et un rendement attractif », indique Xavier Baraton. Le fonds couvre une diversité géographique et sectorielle et implique une sélection des émetteurs basée sur trois exigences : avoir un réel impact climatique, des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) renforcés et un « bon » crédit, c’est-à-dire que l’entreprise ait la capacité de rembourser.
Plusieurs sociétés ont été exclues pour des problèmes de corruption, blanchiment et de pollution. Des pays sont écartés pour des raisons géostratégiques (les sanctions interdisent la Russie, la Syrie et l’Iran) ou des critères de richesse (des pays comme Singapour, la Corée ou la Slovaquie, même s’ils rentrent dans les indices émergents, ont été exclus car le PIB par habitant est trop élevé pour IFC).
Les 474 millions déjà collectés vont être immédiatement investis mais qu’à 20% dans du « vert » stricto sensu car la demande des entreprises émergentes est insuffisante. Progressivement, le portefeuille migrera sur une période de 5 à 7 ans sur du 100% vert pour une durée maximale du fonds de 15 ans.
Les obligations vertes ont le vent en poupe
Depuis plusieurs années, les obligations vertes, c’est-à-dire des emprunts émis sur les marchés visant à accélérer la transition climatique, rencontrent un franc succès, totalisant plus de 700 milliards de dollars en circulation. L’année 2019 a enregistré un montant record d’émissions à 240 milliards de dollars.
Développé au départ par les banques et les institutions supranationales comme la BEI ou la Banque mondiale, cet instrument s’est diversifié ces dernières années aux collectivités, aux États et aux entreprises. Les projets financés par ces emprunts couvrent généralement les énergies renouvelables, les transports propres ou la rénovation de bâtiments.
Elles restent encore très marginales dans les économies émergentes, pourtant très exposées au risque climatique, où les besoins de financement sont colossaux. IFC chiffre les opportunités d’investissement à 23.000 milliards d’ici à 2030
Source : Le Figaro