A l’occasion de la présentation en Conseil des ministres, mercredi 10 juin, du 3ème projet de loi de finances rectificative pour 2020, le gouvernement a dévoilé un ensemble de mesures de soutien pour accompagner la reprise d’activité du secteur.
Ces annonces étaient probablement les plus attendues par le secteur du BTP depuis le protocole sanitaire de reprises des chantiers, face aux nombreuses problématiques de surcoût rencontrées par la profession. Immédiatement après les annonces du gouvernement, les fédérations professionnelles FNTP et FFB ont exprimé leur déception, la FNTP déplorant « une occasion historique manquée », tandis que pour la FFB, « du soutien ? Il n'en est rien... ou presque ! ». Dans le détail, trois axes sont proposés par le projet de loi de finances rectificative pour préserver l’économie et l’emploi du secteur.
Annulations de charges et soutien à la trésorerie des entreprises les plus fragiles
Le gouvernement reconduit les mesures déjà mises en place concernant les charges sociales : la possibilité sera donnée aux entreprises de moins de 50 salariés en difficultés de demander une annulation de leurs charges sociales déjà reportées en avril et mai. L'annulation s'élèverait à 50% du montant total de ces charges.
Il est aussi proposé d’autoriser les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés à demander dès 2020 le remboursement immédiat de leur stock de créances de report, de leurs déficits ainsi que des créances qui viendraient à être constatées en 2020 du fait des pertes liées à cette crise sanitaire. « Les entreprises clôturant leur exercice en 2020 bénéficieront ainsi d’un soutien en trésorerie dès 2020, à hauteur de 0,4 Md€ », souligne le gouvernement. Enfin, pour accompagner le refinancement des entreprises, l’Etat apportera sa garantie sur les encours d’assurance-crédit.
Soutien à l’achat public et aux carnets de commandes
Pour que les carnets de commande restent fournis, les maîtres d’ouvrages publics vont être mis à contribution. L'Etat va ainsi porter sa dotation aux collectivités locales pour les investissements verts d’1Md € (le fameux « milliard vert »), la faisant passer à 1,6 Md€. Selon le gouvernement, ce milliard supplémentaire pourrait avoir un effet de levier de 4 à 5 Mds €.
Une meilleure prise en charge des surcoûts assumés par les acteurs économiques
Parmi les différents surcoûts, le gouvernement distingue surcoûts directs (liés à l'arrêt de l’activité, à l’achat de nouveaux équipements), et surcoûts indirects (nouvelle organisation du travail imposée par les règles sanitaires affectant la productivité). Pour les surcoûts directs : une circulaire du Premier ministre adressée aux maîtres d'ouvrages de l’Etat (notamment les grands opérateurs comme la SNCF, la RATP, ou la Société du Grand Paris) leur demande de renégocier au cas par cas les contrats de travaux avec les entreprises, pour les prendre en charge en partie.
Dans une circulaire du 20 mai 2020, le gouvernement a également demandé aux préfets d’élaborer des chartes établissant une approche solidaire des surcoûts entre entreprises du BTP, maîtres d’ouvrage (notamment les collectivités et les bailleurs sociaux), et maîtres d’œuvre. Pour aider les collectivités territoriales à assumer en partie ces surcoûts, les préfets pourront utiliser leur pouvoir de dérogation pour mobiliser des dotations de l’Etat (dotation de soutien à l’investissement local DSIL et dotation d’équipement des territoires ruraux DETR).
Par ailleurs, un comité de suivi, piloté par le commissariat général au développement durable (CGDD), réunissant les services de l’Etat et les fédérations professionnelles, sera mis en place pour évaluer projet par projet les surcoûts indirects et établir des références pour les négociations futures entre les maîtres d'ouvrages publics et privés et les entreprises.
Enfin le gouvernement encourage les maîtres d’ouvrage publics à mobiliser les dispositions de l’ordonnance n°2020-319 du 25 mars 2020, leur permettant de majorer les avances aux entreprises titulaires de marchés publics au-delà de 60% sans obligation de garantie. Cette mesure peut être appliquée à tous les contrats conclus jusqu’à la fin de la période d’urgence sanitaire, augmentée de 2 mois. Pour les marchés publics comme privés, le gouvernement a aussi reporté de plusieurs mois, par ordonnance, les pénalités applicables en cas de retard.
Un plan de relance majeur attendu à la rentrée
Un premier ensemble de mesures qui sera complété, à la rentrée, par un grand plan de relance. Le gouvernement devrait favoriser un investissement public massif pour un plan de rénovation thermique des bâtiments sans précédent, et entreprendre notamment une refonte complète de nombreuses procédures d’urbanisme pour accélérer le développement des projets et le lancement des chantiers.
Source : Les Echos