Ces dernières années, l'investissement socialement responsable (ISR) s'est fortement développé. Les gérants de fonds qui se sont largement emparés de cette méthode d'investissement utilisent, à côté des données financières classiques, des critères ESG (pour Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) pour choisir les entreprises dans lesquelles ils vont investir.
Lancé en 2016, le label ISR, soutenu par les pouvoirs publics et visant à apporter une crédibilité et une visibilité au fonds ISR, est encore sans doute mal connu du public. Mais il a connu un grand succès auprès des gestionnaires de fonds. Aujourd'hui, ce sont près de 400 fonds émanant de 69 sociétés de gestion différentes qui sont labellisées.
« Nous avons déjà basculé vers des stratégies ISR 67 % de nos fonds ouverts éligibles et nous maintenons un objectif de 100 % à la fin de l'année », indique même une société de gestion.
Le label ISR n’a pas pour seule vocation de permettre aux épargnants de se donner bonne conscience : il s'agit de détecter, au-delà des chiffres financiers, quelles entreprises sont les mieux préparées aux changements touchant leur secteur (révolution de la voiture électrique, nouvelles réglementations sur le plastique, etc.).
L’investissement socialement responsable a-t-il résisté à la crise du coronavirus ?
La réponse est plutôt positive. L’un des leaders mondiaux de la gestion d'actifs note même une corrélation positive entre la performance boursière des entreprises et leur notation ESG : autrement dit, celles qui ont un meilleur comportement sur le plan social ou économique ont aussi une meilleure performance boursière. La crise du Covid-19 aurait même exacerbé cette tendance.
En effet, entre le 19 février et le 26 mars 2020, les sociétés américaines les mieux notées par les agences de notation sur les critères ESG (note A) ont en moyenne surperformé de 3,8 % l'indice S&P 500, tandis que les moins bien notées (note E) ont sous-performé de 7,4 %. L'écart est important même si on note quelques exceptions, notamment Amazon, qui est plutôt mal notée sur le plan ESG mais qui surperforme en bourse.
Une étude réalisée par un spécialiste de la finance responsable sur la performance des valeurs du CAC 40 au premier trimestre 2020 confirme d’ailleurs un écart positif en faveur des mieux notées sur le plan ESG. Et la surperformance de l'ISR ne semble pas purement conjoncturelle. En témoigne notamment l'indice ISR lancé par Ecofi fin 2015 et qui, depuis, fait mieux que l'indice Euro Stoxx 50 chaque année, à l'exception de 2019.
Comment expliquer cette performance de la gestion ISR, en particulier face à la crise du Covid-19 ?
Pour cet acteur de la finance responsable, la gestion ISR a d’abord « tendance à exclure ou à sous-représenter des secteurs fortement sous pression ces dernières années, comme les énergies fossiles.
Un autre facteur sectoriel a joué : les valeurs de santé, souvent bien notées sur le plan ESG, ont connu de bonnes performances. Mais on peut aussi remarquer que l'ajout d'un filtre ESG à un processus permet au gérant de prendre en compte des facteurs de risque extrafinanciers, notamment environnementaux. ».
In fine, un portefeuille ESG aura tendance à laisser plus de place aux valeurs de qualité ou de croissance. C’est pourquoi les investisseurs plébiscitent de plus en plus les investissements socialement responsables.
« Au premier trimestre 2020, alors que les sociétés de gestion d'actifs ont enregistré globalement des retraits nets de 285 milliards de dollars, les flux vers les stratégies ESG ont au contraire été positifs de 46 milliards », note cette banque d’investissement.
Une offre importante, diversifiée et démontrant un potentiel de surperformance par rapport à une gestion classique : les fonds ISR ont aujourd'hui beaucoup plus d'attrait pour les épargnants qu'ils n'en avaient il y a encore cinq ans.
Source : Les Echos
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