Au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron sur la dernière phase du déconfinement, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, est revenu plus en détail sur les grandes lignes esquissées par le président de la République à destination des entreprises et du monde du travail.
Bruno Le Maire a d’abord réaffirmé qu’une hausse des impôts serait « une très mauvaise idée », qui « briserait la croissance », et a donc balayé l'éventualité d'une augmentation mais aussi d'une création de taxes. Il a ensuite invité les entreprises qui le peuvent à poursuivre le télétravail, en émettant néanmoins quelques réserves : « Le télétravail reste souhaitable, dans la mesure où cela permet une reprise progressive et de limite la circulation du virus, mais j'ai toujours considéré que ce n'était pas la panacée ».
S’agissant des précautions sanitaires imposées aux entreprises dans le cadre de la reprise d'activité, le ministre de l'Economie a indiqué que les règles « ne changent pas » pour le moment, des guides de bonnes pratiques continuant à être mis en place dans différents secteurs d'activité et branches professionnelles. Il a néanmoins ouvert la voie à la discussion de certains points en vue d'une éventuelle adaptation et, par extension, d'un allègement des contraintes.
Sur le dossier du chômage partiel, si les chiffres officiels définitifs ne sont pas encore disponibles, Bruno Le Maire affirme que : « La décision que nous avons prise a été la bonne, elle a sauvé des centaines de milliers d'emplois ». Mais d'ajouter que « ce dispositif, il faut l'adapter au fur et à mesure ; on ne va pas intégralement prendre en charge les salaires à la place des entreprises... ». Début juin, le dispositif de chômage partiel, a été modifié une première fois avec une prise en charge réduite de l'Etat et, au contraire, augmentée pour les employeurs. « Je crois que l'essentiel est d'inciter les entreprises à reprendre l'activité. C'est au niveau des entreprises, comme nous l'avons fait depuis le début du mois de juin, qu'il faut faire évoluer le chômage partiel », poursuit le ministre de l’Economie. Il a en revanche souligné ne pas être favorable à la possibilité de faire porter cette prise en charge de l'activité partielle sur les salariés.
Enfin, sur la question des apprentis bientôt sur le marché du travail, Bruno Le Maire s’est voulu ferme : « Nous ferons tout pour leur ouvrir les portes », a-t-il assuré, renvoyant au projet de loi de Finances rectificative, devant être adopté en juillet pour une application en septembre, et aux aides déjà annoncées par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. « Je suis prêt à regarder toutes les options », a-t-il poursuivi, faisant référence à d'éventuelles baisses de charges ou à une prime à l'embauche, mais écartant par contre un retour des contrats aidés.
Des défaillances en baisse mais à relativiser vu le contexte
Dans le même temps et de manière paradoxale, les défaillances d’entreprises ont été publiées par la Banque de France et semblent avoir nettement diminué au mois de mars. L'institution tient toutefois à préciser sa méthodologie : « Ceci s'explique à la fois par la période de confinement qui a affecté le fonctionnement des juridictions commerciales, et par l'adaptation de la réglementation qui accorde temporairement des délais supplémentaires tant pour apprécier l'état de cessation de paiements que pour le déclarer ».
Les défaillances d'entreprises ont ainsi reculé de 13,5% entre mars 2019 et mars 2020, passant de 54.146 procédures à 46.827. Dans le secteur de la construction, la baisse est également de 13,1% sur 12 mois, avec 11.755 défaillances cumulées en mars 2019 et 10.210 en mars 2020 (484 pour le seul mois de mars 2020). Déjà disponibles mais encore provisoires, les données pour le mois d'avril 2020 indiquent 9.418 procédures cumulées sur un an (donc depuis avril 2019) dans le BTP, soit une chute de 20,1%.
Par taille d'entreprise, on s'aperçoit que ce sont les micro-entrepreneurs qui constituent l'écrasante majorité des défaillances, mais avec des tendances là aussi à la baisse : 44.147 procédures cumulées sur 12 mois en mars 2020 (-13,7%), et des premières estimations tablant sur 41.051 dossiers cumulés sur un an en avril 2020 (-20%). Plus la taille de la structure est importante, moins les défaillances sont nombreuses. Ainsi, tous secteurs d'activité confondus, les très petites entreprises ont été 1.559 à mettre la clé sous la porte entre mars 2019 et mars 2020 (-11,6%), et, selon les premières estimations, elles pourraient être 1.476 entre avril 2019 et avril 2020 (-16,8%).
Source : batiactu
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