Alors que l’Ademe estimait au 1er janvier 2018 le nombre de logements étiquetés F et G par le DPE à 4,8 millions, soit 17 % du parc des résidences principales, la modification du mode du calcul du DPE devrait augmenter le volume… et alourdir la facture de la rénovation énergétique.
Le ministère du Logement annonce : « Selon nos premières estimations et sous réserves de données complémentaires, on serait plus proche des 5 millions de passoires depuis le changement de méthodologie. Nous devrions avoir des données définitives de notre service statistique d’ici la fin du deuxième trimestre, sans doute fin mai. » Selon le Syndicat interprofessionnel du diagnostic immobilier (Sidiane), avec le nouveau mode de calcul, le nombre de logements notés G est passé de 2,6 à 6 % et les F de 8,4 à 10,2 %, se basant sur 38 000 DPE réalisés au premier semestre 2021 et 33 000 autres réalisés entre le 1er novembre 2021 et le 28 février 2022.
Un budget de plus de 150 milliards d’euros
« On a le sentiment que les nouveaux diagnostics dégradent de manière fictive le parc immobilier national avec un glissement vers plus de logements F et G… Cela va poser un problème majeur de financement des rénovations. Il faut davantage d’aides et donc plus de moyens alloués par l’Etat » analyse Jean-Christophe Protais, président du Sidiane. La FNAIM estimait déjà le nombre de passoires thermiques entre 7 à 8 millions ; réunie avec Plurience et l’Unis, elle estimait même à 152,3 milliards d’euros le coût total de la rénovation du parc privé, et même à 246,1 milliards d’euros en prenant en compte les biens étiquetés E. Les seuls biens en location coûteraient la bagatelle de 87 milliards d’euros pour être rénovés, une somme qui, en dépit des aides comme MaPrimeRénov’, « n’est pas à la portée de nos concitoyens, surtout en cette période d’hyperinflation des prix des matériaux » assure Jean-Marc Torrollion, président de la FNAIM.
Le Sidiane, Plurience, l’Unis et la FNAIM plaident tous pour un report du calendrier par le futur gouvernement, en le calant sur l’Union européenne, qui impose un standard minimum de classe F à partir de 2030 pour tous les bâtiments, et de classe E en 2033. « Sans ajustement, de nombreux bailleurs vont se détourner de la location longue durée et privilégier la vente de leur bien ou la location meublée touristique, non soumise à l’obligation de rénovation ni à l’encadrement des loyers avec en plus une fiscalité avantageuse à la clé », anticipe Jean-Marc Torrollion.
Source : Le Parisien / Reproduction interdite