De plus en plus de promoteurs recourent à la fabrication en usine de certaines parties de leurs bâtiments, permettant ainsi de réduire les coûts et les délais : un procédé innovant mais pas encore développé à grande échelle.
Ainsi, depuis plusieurs années, Bouygues Immobilier a opté pour des escaliers et des salles de bains produits en série, lui permettant de garantir des commandes à ses fournisseurs et de négocier de meilleurs tarifs, tout en exigeant l’utilisation de matériaux décarbonés. Eiffage Immobilier a lancé en 2021 sa structure dédiée, Eiffage Immobilier Solutions Industrialisées, qui recourt à trois usines : HVA Concept, lancée en 2008, fabrique des modules de salles de bains ; Savare, achetée en 2008, réalise des planches, charpentes et murs à ossature bois ; B3 Ecodesign, acquise en 2019, récupère des conteneurs maritimes en fin de vie pour les transformer en logements.
Un futur segment de marché
Pour Thomas Doyon, directeur d’Eiffage Immobilier Solutions Industrialisées, il s’agit d’un nouveau segment de marché, à savoir « les maisons et les immeubles de petite taille, en modulaire (avec des conteneurs) ou en bois », l’industrialisation de la production permettant de réduire les nuisances pour les riverains tout comme les délais de livraison et les frais, a fortiori dans un contexte de hausse des prix de vente dans le neuf. Eiffage Immobilier vise 250 promesses de ventes signées cette année, et 500 en 2025 : le promoteur teste ses solutions en deuxième et troisième couronnes franciliennes, avant un déploiement en région.
Nexity réalise quelques résidences en bois avec des panneaux préfabriqués, mais cherche encore son modèle pour produire industriellement à plus grande échelle : Véronique Bédague, sa directrice générale, cite l’exemple américain de Katerra, qui misait sur la construction industrielle avant de mettre la clef sous la porte après avoir englouti deux milliards de dollars. De plus, le préfabriqué n’est pas pour tous les terrains, notamment en cœur de ville ou dans un paysage contraint, même si la production bas carbone à prix abordable demeure une finalité, d’autant qu’une telle solution permet de collecter et trier plus facilement les déchets, tout en atténuant les problèmes du recrutement du main-d’œuvre et la pénibilité du travail dans le bâtiment.
Source : Les Echos / Reproduction interdite