Dimanche 21 juin, la Convention citoyenne pour la transition écologique, composée de 150 citoyens, a remis ses propositions à la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne.
Au sein de ce rapport de 600 pages, la Convention citoyenne prend une position radicale sur les passoires thermiques dans les logements.
Son objectif : rendre obligatoire la rénovation énergétique des logements pour toutes les copropriétés, logements sociaux et maisons individuelles louées d'ici à 2030 pour les passoires thermiques (étiquette énergétique F ou G) et d'ici à 2040 pour les étiquettes D & E.
Pour les maisons individuelles occupées par leur propriétaire, l'obligation de rénovation s'imposerait dès 2024 lors des ventes, héritages ou transmissions, si elles sont moins performantes que A ou B, les meilleures étiquettes énergétiques.
La sanction, faute de rénovation, pourrait être un malus sur la taxe foncière : « Notre ambition est de passer d'une rénovation par petits gestes et à petits pas à une rénovation globale (isolation de l'enveloppe, fenêtres, chauffage et ventilation mécanique contrôlée [VMC]) en multipliant par trois le rythme des rénovations », indique le rapport de la convention.
« Cela représente environ 20 millions de logements à rénover dont environ 5 millions de passoires thermiques, des bâtiments tertiaires et publics d'ici à 2030 », précise-t-il.
La rentabilité marginale des travaux de rénovation énergétique
La rénovation énergétique représente un investissement important pour les propriétaires et sa rentabilité est souvent très longue et supérieure au temps de détention moyen d’un bien, compris ces dernières années entre 6 et 9 ans.
Le gouvernement osera-t-il pour autant généraliser l'obligation de rénovation énergétique ?
Cette obligation existe pour les bâtiments tertiaires. Un décret impose à ceux de plus de 1.000 m² de réduire leur consommation d'énergie d'au moins 40% en 2030, par rapport à 2010, et de 50% en 2040.
Le même genre d'obligations pèse sur les particuliers bailleurs : « la loi énergie climat de 2019 prévoit la sortie du parc locatif en 2028 des logements de catégorie énergétique F ou G », indique Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable.
Sur 6,5 millions de logements locatifs privés, 3,1 millions sont énergivores. 60% du parc locatif privé étant possédés par des particuliers aisés, il est tentant de contraindre les bailleurs.
Pourtant, le risque que ces propriétaires préfèrent vendre leurs biens plutôt que de les rénover est-il important ? Ce qui aurait pour conséquence de réduire l'offre locative privée, qui représente un quart des résidences principales.
« Nous avons l'exemple du green deal britannique de 2010 à destination des bailleurs, où l'obligation a entraîné une quasi-disparition des logements énergivores en dix ans, sans contraction du parc locatif », objecte Philippe Pelletier.
Les classes moyennes de plus en plus fragilisées
Reste le problème des propriétaires occupants. La classe moyenne est fragilisée par la cherté de l'accession à la propriété en zones tendues dans l'ancien.
« Le coût relatif s'élève bien au-delà des niveaux observés jusqu'alors : 5,2 années de revenus au premier trimestre 2020, contre 4,9 années de revenus il y a un an », alerte l'observatoire Crédit Logement. 49% des emprunts d'accession à la propriété vont de plus de 20 ans à 25 ans inclus, réduisant la marge de manœuvre financière des nouveaux propriétaires.
Il faudrait que l'Etat amplifie ses aides, actuellement concentrées sur les plus modestes et la Convention citoyenne y compte.
Le gouvernement arbitrera d'ici à septembre, car il prépare un plan de relance accordant une place importante à la rénovation énergétique.
L'autre inconnue est comment insérer, dans les réflexions en cours, le plan dit « renovation wave » que la Commission européenne dévoilera, de son côté, à l'automne afin de doper la rénovation énergétique des bâtiments.
Source : Les Echos
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