Pour faire face à la crise sanitaire liée au COVID-19, les entreprises du monde entier ont eu recours au télétravail partout où cela était possible. Alors qu'il plafonnait à 3 % de la population active, ce chiffre a atteint plus de 40% pendant le confinement. Il avait déjà connu un premier pic au moment des grèves contre la réforme des retraites, en décembre dernier où l’on estimait à 28% le taux de personnes qui travaillaient depuis chez elles.
Cette mise en télétravail forcée d’une partie des salariés a permis de démontrer, même à des employeurs initialement réticents, que le dispositif pouvait fonctionner. Le télétravail à domicile répond aux attentes de nombreux salariés, souhaitant notamment réduire leur temps de transports. « 85% des télétravailleurs veulent conserver la possibilité de faire du télétravail », expliquent Nadezhda Butakova et Sophie Cot Rascol, du cabinet de conseil Empreinte Humaine et qui ont réalisé une étude statistique deux semaines après le déconfinement. À l'heure où s'engage une crise économique majeure, et que de nombreuses entreprises risquent de connaître ou connaissent déjà des difficultés, la chasse aux coûts immobiliers inutiles devient un élément de compétitivité. Le télétravail peut ainsi permettre de faire des économies de mètres carrés.
Le télétravail, bientôt généralisé ?
Au moment où la plupart des salariés retournent dans les entreprises, le télétravail testé à grande ampleur durant le confinement semble destiné à se développer. Si ce n’est pas la fin du bureau, comme certains l’ont trop vite annoncé, il est cependant appelé à se transformer. Dans ce nouveau paysage, le coworking, lui, pourrait séduire les entreprises en quête de flexibilité.
De nombreuses entreprises ont d’ores et déjà entamé une réflexion sur le sujet. Certaines vont même très loin dans cette démarche, à l'image de PSA , qui a décidé de généraliser le télétravail pour l’ensemble de ses activités non directement reliées à la production. L’objectif final est que les salariés ne soient plus présents sur site qu’une journée ou une journée et demie par semaine en moyenne. Aux États-Unis, Facebook envisage de faire travailler à distance la moitié de ses équipes de façon permanente d'ici à cinq ou dix ans.
Un exercice qui connaît cependant des limites
Si le télétravail semble inévitablement appelé à se développer, certains experts mettent cependant en garde contre sa généralisation, sans réflexion profonde et de long terme sur une refonte de l'organisation du travail.
Que ce soit parce qu’ils ne disposent pas de conditions idéales pour ou parce qu’ils veulent maintenir une séparation entre vies professionnelle et familiale, tous les salariés ne souhaitent pas travailler depuis chez eux. Surtout, le bureau reste un lieu essentiel pour créer de la relation, faire émerger des idées au sein d'une entreprise, et permettre la transmission des savoirs.
Preuve que le télétravail à grande échelle n'est pas forcément idéal : IBM, qui fut l'un des premiers à tenter l'expérience, il y a une vingtaine d'années, a décidé, en 2017, de rapatrier ses troupes au bureau. Dans le but de renforcer la collaboration entre ses salariés et d'accélérer le rythme de travail, expliquait alors le « Wall Street Journal ».
De nouveaux critères pour le bureau du futur
Le bureau n'est donc pas mort, même s'il est appelé à se transformer et se réinventer. Le bureau doit être plus que jamais un lieu de confort, de technologie, et plus encore, de partage. De par son aménagement, il doit susciter davantage d'occasions de rencontres et d'échanges.
L'emplacement du bureau et son accessibilité en transports ont aussi leur importance, ne serait-ce que pour attirer des profils prometteurs.
De son côté, le conseil en immobilier d’entreprise Knight Frank anticipe « un scénario médian, entre progression du télétravail d’une part, et consolidation de la place des bureaux comme espaces de sociabilité favorisant le bien-être, la productivité et l’innovation des entreprises d’autre part. »
Le coworking, solution intermédiaire ?
Quel sera le sort réservé au coworking ? Sera-t-il affaibli par la montée en puissance du télétravail à la maison ? Ou parviendra-t-il à tirer son épingle du jeu ? Il offre des solutions aux salariés ou aux indépendants qui ne peuvent pas télétravailler depuis leur domicile, en mettant à leur disposition des espaces de bureaux partagés près de chez eux ou près de chez leurs clients. Depuis le début du déconfinement, les spécialistes du coworking développent d'ailleurs de nouvelles formules permettant de réserver pour une, deux, ou trois journées par semaine dans leurs locaux.
Source : Les Echos
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