La proposition de loi du député Mickael Nogal (LREM), qui pourrait bientôt revenir au Parlement, prévoit une obligation pour les bailleurs de placer le dépôt de garantie de leur locataire chez les administrateurs de biens pour limiter les litiges. Une agence publique propose elle aussi d'assumer cette mission.
Dans sa proposition de loi visant à détendre le marché locatif, Mickael Nogal souhaite instaurer, pour les bailleurs, l’obligation de placement du dépôt de garantie auprès d’un tiers de confiance : selon le parlementaire, l’absence de protection du dépôt de garantie dans la législation aurait un impact direct sur la surabondance de litiges bailleurs-locataires. « Selon les statistiques du ministère de la Justice, 65% des actions en justice engagées par les locataires portent sur la non restitution du dépôt de garantie », souligne-t-il. Craignant de ne pas se voir restituer cette somme à la sortie du logement, les locataires négligent de plus en plus fréquemment de payer le dernier mois de loyer, ce qui accentue la méfiance mutuelle et les tensions. Un contentieux qui représenterait entre 6 000 et 8 000 affaires par an.
Pour remédier à cet état de fait, Mickael Nogal préconise la mise en place d’un dispositif obligatoire de protection du dépôt de garantie : celui-ci serait consigné chez un professionnel de la gestion locative (agent immobilier, administrateur de bien, etc.), même dans les cas où le propriétaire assure lui-même la gestion de son bien. A la fin du bail, les sommes seraient restituées au locataire, sur le fondement d’un accord conclu avec le bailleur. Une part de la profession immobilière reste peu favorable à cette piste. Malgré cette opportunité offerte aux administrateurs de biens de proposer directement leurs services, voire des prestations additionnelles, aux bailleurs gérant eux-mêmes leurs biens - évolution potentielle saluée, notamment, par la FNAIM et le réseau d’agences Foncia - et ainsi d’augmenter leur taux de pénétration, une part des gestionnaires continue de bouder la mesure.
L’Anil se pose en recours
Plusieurs interrogations subsistent quant au rôle même de « tiers de confiance » : les gestionnaires immobiliers étant essentiellement rémunérés par les propriétaires, nombre d’observateurs doutent de leur neutralité dans le cadre contentieux. Par ailleurs, pour les agents immobiliers, accueillir les locataires souhaitant dénoncer une rétention jugée abusive de leur dépôt de garantie, requière une lourde organisation et implique un élargissement important de leurs missions : outre la seule conservation du dépôt de garantie, il s’agit d’une mission de conseil, d’accompagnement et de médiation dans le dénouement du conflit qui leur incomberait.
Très mobilisée durant la crise sanitaire pour apporter des réponses aux Français concernant leur logement, l’Agence nationale pour l’information sur le logement (Anil) pourrait, elle, sans attendre, assumer ces fonctions sans controverse quant à sa légitimité. Elle aurait ainsi adressé une note d’intention au ministre du Logement, Julien Denormandie, se posant ainsi en alternative aux administrateurs de biens. « C’est tout à fait dans l’ADN de l’agence, qui a été au rendez-vous de l’histoire durant cette crise, estime Henry Buzy Cazaux, président de l'Institut du Management des Services Immobiliers. Ses équipes ont une légitimité extrêmement forte et des compétences certaines. »
S’il s’assure intéressé par la proposition, Mickael Nogal continue de défendre son scénario initial. « Beaucoup d’acteurs, privés pour certains, se sont approprié le texte et se sont dits prêts à assurer cette mission de consignation, pointe-t-il. Mais à ce stade, il n’y a pas de modèle plus abouti que celui imaginé via les administrateurs de biens. » Le député met également en avant la simplicité d’un tel modèle, certains administrateurs assumant déjà ce rôle - mais s’affirme « prêt à écouter tout le monde », espérant que « nous parviendrons à construire un dispositif qui s’appuie sur les expertises de chacun ».
Source : Capital
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