Mardi 7 juillet, la préfecture a indiqué que Michel Cadot, préfet de la région Ile-de-France, a dit oui au volet commercial du projet controversé de rénovation et de transformation de la Gare du Nord. La décision de délivrer le permis de construire « valant autorisation d’exploitation commerciale » a été prise lundi 6 juillet suite à une instruction après un avis favorable émis par la commission nationale d’enquête en octobre dernier.
Première gare d’Europe construite il y a 155 ans, la Gare du Nord est, chaque jour, fréquentée par 700 000 voyageurs. Le projet de rénovation est mené par SNCF Gares et Connexions et la foncière d’Auchan, Ceetrus, et prévoit notamment la construction de commerces, bureaux et d’équipements culturels. Moyennant 600 millions d'euros, il est également question de construire un toit terrasse végétalisé d'un hectare avec vue sur le Sacré Coeur, doté d'une piste de trail, un parking pour 2 000 vélos, une grande nef transversale.
Avec 88 000 m² supplémentaires, la Gare du Nord devrait atteindre une superficie totale de 124 000 m², dont 46 000 m² consacrés à une salle de spectacle, des équipements culturels, une salle de sport ou encore des commerces et bureaux.
Le préfet souligne ainsi que « Cette gare moderne est non seulement nécessaire, dans la perspective de la Coupe du monde de Rugby en 2023 et des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 à Paris, mais elle permettra aussi de faire de la Gare du Nord un nouveau lieu de vie urbain, associant commerce, sport, culture et travail ».
Une décision qui fait débat
Une vingtaine d'architectes de renom, dont Jean Nouvel et Roland Castro, ont jugé ce projet « inacceptable » et « pharaonique », dans une tribune publiée dans Le Monde début septembre, demandant qu'il soit « repensé de fond en comble ».
De son côté, la Ville de Paris, qui avait d'abord soutenu ce projet controversé, s'y est ensuite opposée en le jugeant trop commercial. Le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, s’est exprimé sur Twitter en déclarant : « Avec le projet de rénovation actuel de la Gare du Nord, le Gouvernement vient de s’inventer un Notre-Dame-des-Landes en plein Paris. Je lui souhaite beaucoup de courage sur le plan politique et juridique ». Une déclaration retweetée par la maire Anne Hidalgo. Ce mercredi ce dernier a également déclaré que cette décision de l’Etat de délivrer le permis de construire au volet commercial du projet est « incontestablement un déni de démocratie ».
La municipalité parisienne, opposée à ce « projet totalement surdimensionné », a indiqué qu'elle allait continuer à le faire « de manière politique et juridique ». Emmanuel Grégoire a en outre estimé que le calendrier de la rénovation, qui doit être achevée pour les Jeux Olympiques 2024, n'était « pas crédible et pas sérieux », et a ajouté « Ce n'est pas ou ce ne sera plus une gare, mais un centre commercial avec accessoirement une gare à l'intérieur, et on est au cœur de l'opposition qui caractérise notre relation avec l'Etat ».
« Il suffisait que le préfet ne délivre pas ce permis et que les parties fassent un recours gracieux, et on gagnait deux mois » pour discuter du projet, a-t-il encore affirmé, estimant que « c'est donc en conscience que la décision a été prise ».
En outre, selon lui, le calendrier de la rénovation, devant être achevé pour les Jeux Olympiques 2024, n’est « pas crédible et pas sérieux ». A ce sujet, la co-entreprise SA Gare du Nord 2024 a assuré mardi, dans un communiqué, que « le lancement des travaux se fera sans attendre » et s’est dite « confiante quant au respect du calendrier ». Ce à quoi Emmanuel Grégoire a répondu « Je mets au défi Ceetrus de me prouver (que les délais sont crédibles) en produisant les plannings de chantier, auxquels nous n'avons pas accès ».
Source : AFP
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