Comprendre l'immobilier
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UN VISAGE URBAIN EN MUTATION PERMANENTE
Cela se passe à Bruxelles, dans le cadre de plusieurs projets urbains de très grande envergure, aux quatre coins de la ville. La Région de Bruxelles-Capitale est devenue en quelques années un lieu actif dans l’urbanisme transitoire et dans toutes les innovations sociales qui en découlent. Les Bruxellois en rêvaient, les autorités régionales et le secteur privé l’ont fait. Partout, des initiatives fleurissent. Le phénomène a pris une telle ampleur qu’il a suscité la mise en ligne d’un guide pratique régional (www.occupationtemporaire.brussels) et qu’il sera l’un des thèmes centraux de la présence de la Région-Capitale dans le cadre du MIPIM 2019 à Cannes.
Pourquoi ce foisonnement ? Parce qu’il faut bien occuper le temps… et le terrain ! Entre la signature de l’acte d’acquisition d’une parcelle bâtie ou non, et l’inauguration du programme urbain qui a justifié l’achat, il peut se dérouler parfois plusieurs années. C’est pourquoi les aménageurs, publics ou privés, prennent soin de faire le meilleur usage de ces ressources foncières ou immobilières temporaires pour favoriser une transition, positionner un site, assurer la maintenance ou la sécurité et, surtout, répondre à des besoins : ceux de porteurs de projets innovants qui cherchent des espaces à faible coût, ceux des habitants qui se révèlent friands de ces initiatives qu’ils fréquentent assidument.
« La notion de « tiers-lieu » est aujourd’hui présente dans la plupart des réflexions touchant au développement territorial. C’est le territoire d’une mise en commun libre et volontaire (d’outils, de compétences…), propice à l’expérimentation, au développement de l’innovation sociale et durable. Ces espaces se multiplient dans le monde entier, avec succès. Ces mises en commun sont amenées à créer une nouvelle histoire, à leur manière imprévisible et créative » explique Rudi Vervoort, Président de la Région de Bruxelles-Capitale.
Dans sa déclaration de politique générale, le Gouvernement régional bruxellois avait d’ailleurs affirmé sa volonté de mobiliser des sites temporairement disponibles à une fonction d’espace public ou d’espaces verts et d’y favoriser l’expression culturelle, y compris temporaire.
Si bien que Bruxelles présente aujourd’hui en permanence un visage… changeant ! Pour en profiter, il faut visiter régulièrement les quartiers concernés, car ces réalisations, par définition, ne durent pas. En revanche, elles contribuent à modifier durablement l’environnement et les mentalités.
UN PROJET CULTUREL INTERNATIONAL AU CŒUR DE L’URBANISME TEMPORAIRE BRUXELLOIS : KANAL BRUT
L’illustration la plus spectaculaire de ce courant de fond est sans doute « Kanal Brut », parce qu’elle a eu un retentissement international. Il s’agit d’une année d’expositions successives qui va s’achever en mai prochain. Elle était destinée à préfigurer le futur centre d’art moderne et contemporain Kanal-Centre Pompidou, appelé à s’installer dans l’ancien garage automobile Citroën-Yser.
A son origine en 1933, l’immeuble et ses quelque 48 000 mètres carrés apparaissait comme le plus grand garage d’Europe. Il a été racheté en 2015 par la Société d’Aménagement Urbain de la Région de Bruxelles-Capitale. En 2017, la Région a confié la reconversion et l’exploitation du site à la Fondation Kanal, dans le cadre d’un partenariat avec le Centre Pompidou de Paris.
Le concours architectural a vu la sélection de l’esquisse des cabinets noA, EM2N et Sergison Bates, qui ont devancé 92 candidatures en provenance du monde entier. Pendant la finalisation du projet et les procédures préalables à l’obtention des permis, la Fondation Kanal a organisé une série d’expositions et d’événements, planifiés au rythme des saisons de mai 2018 à mai 2019. Elles ont connu un énorme succès populaire, avec déjà pas moins de 150.000 visiteurs en 2018.
SUR LES TRACES DE L’URBANISME TEMPORAIRE BRUXELLOIS… UN FOISONNEMENT DE PROJETS
Mais l’innovation liée à l’éphémère urbain bruxellois peut aussi revêtir d’autres aspects :
Urbanistique et citoyenne, lorsque citydev.brussels consacre 20.000 mètres carrés à une occupation temporaire sous le nom de Studio Citygate dans le cadre de la réhabilitation d’une ancienne usine pharmaceutique et quand la Société d’Aménagement urbain (sau-msi.brussels) organise de manière extrêmement ouverte l’accueil de plusieurs dizaines de projets sur 25.000 m2, sous le nom de See U, dans le cadre de la reconversion d’une ancienne caserne de gendarmerie (Usquare.brussels).
Immobilière et commerciale, quand l’association de promoteurs immobiliers Up4North pilote le laboratoire urbanistique Lab North ou quand hub.brussels, après avoir testé des pop-up stores pendant trois ans, dont l’un judicieusement baptisé l’auberge espagnole, planche sur un véritable réseau d’incubation commerciale, combinant l’occupation temporaire et l’accompagnement d’une dynamique économique.
Ou encore sociale, quand citydev.brussels, dans le cadre du projet BridgeCity, qui verra in fine l’installation d’un centre d’entreprises dans un ancien immeuble industriel, concède temporairement des espaces aux associations membres du projet 400Toits afin d’installer pendant trois mois leurs prototypes de logements modulaires pour sans-abris. Une première étape avant l’installation de plusieurs pavillons à quelques pas de là, pour une durée cette fois de deux ans.