Comprendre l'immobilier

Besoin de connaître l’actualité immobilière ? D’un cours de rattrapage sur la dernière loi en vigueur ? Ou juste curieux sur un sujet précis ?

17 août 2020
Résumé de l'actualité immobilière du 14 août
1 – « Nos bâtiments sont obèses quand l’urgence climatique exige une architecture ascétique » 2 – Paris : première baisse des prix de l’immobilier depuis 2014

1 – « Nos bâtiments sont obèses quand l’urgence climatique exige une architecture ascétique »

 

Dans une tribune au « Monde », l’architecte Erik Mootz développe l’idée que compte tenu des matériaux employés, le coût environnemental de la rénovation des passoires énergétiques est des plus discutable. 

La neutralité carbone à l’horizon 2050 fait consensus et a même été érigée au centre de la politique du ministère Logement, rattaché au ministère de la Transition écologique depuis le remaniement. « Aux populations, la rénovation promet une chaleur protectrice et la baisse du montant de leurs factures. Aux acteurs de la filière industrielle, la promesse d’un marché vertueux, profitable et durable. Aux écologistes, un chapitre incontournable de la transition énergétique. Aux politiques, la synthèse convergente des opinions sociales, vertes et libérales. A l’action publique, un ennemi visible : le « trou de la passoire », que la structure sociale répare. », note Erik Mootz. 

 

Il est vrai que le bâtiment représente aujourd’hui 44 % de l’énergie finale consommée en France (chiffre 2015, fiche Stratégie nationale bas-carbone [SNBC], ministère de la transition écologique et solidaire). Réduire sa consommation de 28 % à l’horizon 2030 permettrait d’éviter le rejet de plus 20 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère.

 

Pourtant, si le gain est mis en avant de manière insistante, le coût environnemental de cette stratégie est un volet abordé beaucoup plus discrètement. Selon Erik Mootz : « il n’existe aucun modèle fiable qui permette d’évaluer sérieusement le bilan carbone de cette politique. La traçabilité carbone des matériaux de construction est une science qui a moins de vingt ans et la fiabilité des données disponibles pose question. ». 

 

En cause, les fiches de données environnementales et sanitaires (FDES) qui quantifient l’émission de dioxyde de carbone des matériaux de construction ne sont ni exhaustives ni obligatoires. En outre, elles ne sont pas établies par des laboratoires indépendants de type universitaire, mais par des organismes dont l’ADN est étroitement lié à celui de l’industrie du bâtiment – AIMCC, Alliance HQE-GBC, CSTB, Capeb… « Autrement dit, nous ne disposons pas d’outils ad hoc pour évaluer le coût environnemental de cette stratégie. Et ce que nous observons quotidiennement sur nos chantiers nous incite à penser qu’il sera énorme. », prévient l’architecte. 

 

Selon lui, si la filière industrielle du bâtiment est aussi énergivore, c’est aussi parce que les matériaux utilisés dans la construction sont issus à 90 % des filières pétrolières ou minières et que leur transformation industrielle représente un coût énergétique considérable.  

 

«Entre un bâtiment haussmannien et un bâtiment contemporain, le nombre de matériaux intervenant dans la constitution de la façade a décuplé. Mais, surtout, le nombre de composants qui interviennent dans la construction des enveloppes a centuplé », s’inquiète Erik Mootz, qui estime qu’il faut donc cent fois plus d’opérations de transformation industrielle pour fabriquer la façade d’un bâtiment moderne – répondant aux normes environnementales – que pour construire un bâtiment de la fin du XIXe siècle. Et cette tendance s’accélèrerait avec la poursuite de l’efficacité énergétique. 

 

Alors que la totalité des experts s’entend pour désigner la sobriété comme l’unique modèle capable d’atteindre la neutralité carbone, la construction des bâtiments suivrait une tendance inverse. « Au nom de l’environnement, nous saturons nos façades de produits émissifs : nos bâtiments sont obèses quand l’urgence climatique exige une architecture ascétique reposant sur une optimisation rigoureuse des dispositifs de construction », note l’architecte, estimant que l’urgence climatique exige une réforme profonde de nos habitudes et de nos industries.

 

L’auteur met notamment en garde contre les récits trompeurs en se basant sur les recherches de Michael Shellenberger – coauteur du manifeste écomoderniste – qui révèlent que les stratégies axées exclusivement sur les énergies renouvelables ont pour effet d’augmenter les émissions de gaz à effets de serre. L’enquête du réalisateur et activiste Jeff Gibbs [réalisateur du film « Planet of Humans »] a également démontré qu’aux Etats-Unis le pic de combustion de combustibles fossiles coïncide avec l’abandon des centrales thermiques au profit des biocombustibles.

Source : Le Monde

2 – Paris : première baisse des prix de l’immobilier depuis 2014

 

D’après Price Hubble, spécialiste de la data immobilière, les prix affichés sur les annonces de ventes immobilières à Paris auraient baissé de 0,4% de janvier à juillet 2020. Si la baisse semble infime, c’est au contraire un événement inédit depuis 6 ans. 

 

«Cela devra être confirmé dans les prochains mois par le concret des ventes réalisées via les notaires, précise Loeiz Bourdic Directeur de PriceHubble France. Tout dépendra de la marge de négociation : celle-ci suivra-t-elle la baisse ou se réduira-t-elle, ce qui rognerait la baisse des prix affichés ? ». 

 

Le prix au mètre carré médian qui était de 12 000 euros en janvier est passé à 11 950 euros en juillet sur les différents portails d’annonces immobilières. Si plusieurs baisses au niveau des arrondissements avaient pu être constatées, un mouvement généralisé au sein de la capitale est unique depuis plusieurs années. 

 

PriceHubble n’anticipe pas « un effondrement des prix dans la capitale, mais voit dans ces évolutions des signaux faibles, avant-coureurs, d'une stagnation des prix ».

 

Dans leur note de conjoncture, les notaires du Grand Paris ont expliqué que ce phénomène n’était propre qu’à Paris en Île-de-France : « Une stagnation des prix semble se dessiner d'après nos indicateurs avancés de juin à septembre 2020 ». Dans le reste de la région : « les indicateurs avancés mettent en avant la prolongation et l'accentuation de ces tendances haussières ».

 

Henry Buzy-Cazaux, Président de l'Institut du management des services immobiliers (Imsi), voit la « correction des prix dans la capitale, qu'il estime à 5 %, après la crise. Mais l'étude, qui se base sur les prix affichés, pourrait être l'arbre qui cache la forêt. On a un retour de la négociation dans la capitale, ce qu'on n'avait plus depuis des années, de l'ordre de 2-3-4 %, mais qui à la fin aboutit à une baisse des prix. »

 

Selon Henry Buzy-Cazaux, le problème reste ailleurs : « Il faut dire la vérité maintenant. Dire qu'il y a de plus en plus de gens exclus de l'accession à la propriété pour qu'on puisse les y aider : ceux qui perdent leur travail, ceux qui voient leurs demandes de crédits refusées, ceux qui ne voient pas leur CDD transformé en CDI, ceux qui passent d'un temps plein à un temps partiel, ceux qui travaillent dans la restauration, l'événementiel, l'univers des spectacles, l'automobile, l'aéronautique, secteurs sur lesquels il y a des incertitudes… »

Source : Le Parisien

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