Le remblais du Grand Paris Express transformé en briques de terre crue 

Technique particulièrement ancienne, les constructions en terre crue sont encore particulièrement répandues. Par définition sans cuisson et quasiment sans transport, c’est le matériau écologique par excellence. Avec des caractéristiques très attirante, notamment une bonne inertie thermique et une régulation du taux d'humidité, la terre crue pourrait être remise au gout du jour. C’est le pari de la fabrique Cycle Terre, à Sevran, qui réutilise le remblai des chantiers du Grand Paris Express. « La filière n'est pas encore mûre pour des bâtiments 100 % terre. En revanche, on peut associer les différents matériaux biosourcés : du bois pour la structure, de la paille pour l'isolation thermique et la terre crue pour le remplissage. Chaque matériau complète l'autre. Dans l'idéal, tout bâtiment construit en Île-de-France devrait comporter un pourcentage de terre crue » estime Sylvia Escovici, urbaniste chargée du projet à la mairie de Sevran. 

Le lin, solution innovante et locale 

Les propriétés thermiques du lin sont bien connues dans le textile, peut être moins dans la construction. Et la France a un avantage majeur : elle est le premier producteur mondial. Dans le Nord, Bâtilin fabrique des blocs, sortes de briques qui servent à la construction, en neuf ou rénovation. « En rénovation, on vient les mettre en doublage par rapport à la paroi existante, en intérieur ou extérieur. Pour le neuf, on construit un système de poteau/poutre, en béton ou en bois, qui sert de structure porteuse puis la brique vient en remplissage » décrit Julien Gilliot, ingénieur spécialisé dans les matériaux composites. La brique de lin apporte au logement à la fois un confort thermique et une isolation phonique. Le tout avec un matériau cultivé localement et fabriqué sans énergie grise. Deux chantiers sont déjà en cours, et permettent de tester ce nouveau matériau et d’obtenir l’avis technique du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, sans lequel aucune assurabilité n’est possible.  

Le bambou, écologique de sa culture à son utilisation finale 

Les atouts de cette herbe géante à la croissance rapide sont nombreux. Le bambou est résistant à la combustion, aux insectes, aux moisissures et même aux termites. Une maison en bambou requiert seulement l'équivalent de sa surface en fibres contre environ un demi-hectare de forêt pour une maison en bois. Et, dès sa culture, il est plus écologique que le bois. À surface de culture égale, le bambou produit plus d'oxygène que les feuillus et capte trois fois plus de carbone, fixe les métaux lourds, filtre les nitrates et les eaux usées, et son réseau de racines ralentit l'érosion des sols. Côté construction, l’obstacle majeur vient de l’absence de garantie décennale, en l’absence d’un avis du CSTB. La filière est en plein développement, et est en attente d’une règlementation plus favorable. Pour François Puech, pionnier du bambou de construction, « le bambou, grâce à sa fibre, est en passe de devenir le biomatériau de demain ». 

Source : La Tribune / reproduction interdite