Des données consolidées au niveau national restent compliquées à avoir, mais certains grands acteurs, bailleurs sociaux mais également privés, s’inquiètent d’une augmentation des impayés de loyers et de charges. Simple effet passager ou premiers signaux d’alerte d’une situation critique ?
Fin décembre, tous les acteurs de l’immobilier résidentiel ne partageaient pas le même constat. Mais la fédération des bailleurs sociaux, l’USH s’inquiétait, alors que « près de la moitié des organismes HLM enregistrent une hausse de plus de 10 % du nombre de ménages en retard de paiement de loyer de plus de trois mois par rapport au 31 décembre 2021 ». Des résultats obtenus à la suite d'une « enquête flash » réalisée auprès de ses adhérents. Au même moment, le ministère de la Transition écologique assurait que « le taux d'impayés se maintient à un niveau constant, conforme à la normale », tout en soulignant la nécessité de « rester vigilant dans le contexte inflationniste que connaît la France actuellement ».
Les charges au centre du problème
Alors que l’augmentation des loyers a été capée, les charges se sont quant à elles envolées. L’USH note d’ailleurs des hausses d’impayées plus fortes dans les immeubles chauffés au gaz, moins bien couverts par le bouclier tarifaire. L’amélioration du dispositif a néanmoins été saluée par l’organisation. « La quittance pour les locataires explose, et pas seulement à cause des charges d'énergie. Les charges liées au nettoyage de l'immeuble ou à l'entretien des ascenseurs augmentent aussi », remarque Eddie Jacquemart, le président de la Confédération nationale du logement (CNL).
Côté bailleurs privés, le constat est le même : « Nous l'avions déjà alerté à l'époque. Le ministère ferme les yeux, mais les impayés de loyers et de charges s'aggravent », estime Juliette Martin, chargée d'affaires publiques de l'Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi). Une enquête de l’organisation montrait à l’automne des impayés pour environ 1 adhérent sur 10 (bien que ceux-ci soient majoritairement des retards, et non des impayés « définitifs »). En décembre, l’agence immobilière Imodirect relevait également une hausse sensible des loyers impayés.
Les mesures gouvernementales, bouclier tarifaire sur l’énergie et plafonnement de l’IRL, fonctionnent aujourd’hui à plein. Mais risquent toutefois d’être bien insuffisantes si la crise économique se poursuit.
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