Comment la Seine-Saint-Denis expérimente pour lutter contre les marchands de sommeil
L’établissement Est Ensemble, qui rassemble 9 communes de Seine-Saint-Denis autour de Montreuil, vient de signer avec la Sifae, organisme rattaché à l’Établissement public foncier d’Île-de-France, une convention « pour lutter contre la dégradation de l’habitat pavillonnaire » à Bobigny, Bondy et Noisy-le-Sec.
Le dispositif n’est pas nouveau, mais il sera désormais expérimenté dans 3 nouvelles communes de Seine-Saint-Denis, particulièrement touchées. Il permettra ainsi à la Sifae d’acquérir des pavillons « dégradés ou indignes » risquant d’être rachetés par des marchands de sommeil pour les transformer, puis les revendre, à des bailleurs sociaux ou même à des particuliers. « À Est Ensemble, le marché immobilier ne suit pas la même dynamique partout, souligne José Moury, vice-président en charge de l’habitat et de la lutte contre les logements indignes. Dans les villes limitrophes de Paris, il y a un processus de gentrification qui est lancé, avec des propriétaires occupants qui s’installent et remettent en état les pavillons. À Bondy, Bobigny, Noisy-le-Sec, on n’en est pas là. Le tissu pavillonnaire est souvent la cible d’investisseurs, qui cherchent à optimiser un maximum les mètres carrés, quitte à découper les maisons. » La raison : un prix du foncier encore très accessible et des loyers élevés et boostés par une bonne desserte en transports en commun.
Un instrument nécessaire pour les communes
Pour les pouvoirs locaux, cette convention est indispensable pour lutter efficacement contre les marchands de sommeil. « À Bobigny, il y a 5 000 pavillons. On a une commission qui regarde les ventes qui sont faites tous les 15 jours, décrit José Moury, qui est également adjoint au maire (PCF) à l’urbanisme dans la commune. On diligente une enquête si on sent que l’acheteur a déclaré quelque chose de louche, mais ça reste du travail en surface. Le but de cette convention, c’est de se doter d’un nouvel outil. Des professionnels vont pouvoir nous apporter leur savoir-faire pour mieux repérer les problèmes. »
« Notre rôle va être d’identifier lors des mises en vente les pavillons qui ont été divisés ou risquent d’être rachetés par des marchands de sommeil », détaille Léa Makarem, présidente exécutive de la Sifae. L’organisme va ensuite tenter de les acheter en préventif, puis de les réhabiliter. « Les cas de démolition-reconstruction concernent uniquement les pavillons frappés d’arrêtés de péril, précise la responsable. Car cela coûte très cher de démolir un bien. » Dispositif recommandé par l’Epfif dès 2017, cette convention n’est pas la première du genre dans le département. La Sifae avait déjà signé des conventions expérimentales à Aulnay-sous-Bois, Clichy-sous-Bois et Montfermeil. D’autres conventions ont ensuite été actées avec Livry-Gargan, Aubervilliers, Pierrefitte-sur-Seine et Saint-Denis, ainsi que dans d’autres départements à Garges-lès-Gonesse, Gonesse et Goussainville dans le Val-d’Oise, à Valenton dans le Val-de-Marne et à Dammarie-les-Lys en Seine-et-Marne. Sur les trois premières communes expérimentales, la Sifae a réussi « un certain nombre d’acquisitions ». « Nous avons signé les premières promesses de vente avec un bailleur social, détaille Léa Makarem. On a aussi deux promesses de vente avec des particuliers. Mais dans l’idéal, on préfère avoir recours à un bailleur social qui va garantir une gestion pérenne du bien. »
Source : Le Parisien / reproduction interdite