Comprendre l'immobilier

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07 mar. 2023
Les villes moyennes, qualité de vie et prix de l’immobilier qui explosent
Fréquemment en tête des différents classements des villes où il fait bon vivre, les villes moyennes sont aujourd’hui victimes de leur succès. Ainsi, ces dernières années, les cinquante hausses de prix les plus importantes concernent des villes de moins de 100 000 habitants.

Selon la Fédération Nationale de l’Immobilier, les prix sont en hausse sur l’année de 6,7% dans les villes moyennes contre seulement 3,7% dans les plus grandes municipalités de France. « En 2022, les villes moyennes l’emportent toujours sur les dix grandes métropoles du pays », confirme Loïc Cantin, le président de la Fnaim. Autre fait notable, ces communes se trouvent majoritairement sur la façade atlantique, de la Normandie au Pays basque, en passant par la Bretagne. En tête des villes où les prix ont explosé, Angers connaît l’augmentation la plus importante (+72% en cinq ans, à 3 496 euros le mètre carré). « Depuis la crise sanitaire, on a toujours aussi peu de biens à vendre, ce qui maintient les prix à des sommets, témoigne Antoine Charpentier, agent immobilier à Angers. Des T3 que je vendais il y a dix ans à 140 000 euros ne se vendent plus en dessous de 210000 aujourd’hui. » Dans le Morbihan, Lorient (+65%) et Vannes (+64%) complètent le podium des plus fortes hausses des prix sur les cinq dernières années. « La Bretagne a gagné la bataille de l’héliotropisme », lance Loïc Cantin.  

Qualité de vie et nouvelle organisation du travail, un cocktail gagnant 

Raison principale de ces prix en hausse : l’arrivée des habitants des métropoles. Avec l’essor du télétravail, ou la possibilité d’allers-retours un ou deux jours par semaine vers une métropole, notamment Paris, ces villes moyennes deviennent un eldorado, plus accessibles où les acquéreurs peuvent obtenir une pièce supplémentaire ou une terrasse. « Nous sommes déjà une ville où les Parisiens viennent habituellement s’installer mais, depuis trois ans, le phénomène s’est encore accentué, confirme Marine Brothier, agent à La Rochelle. Nombreux sont ceux qui viennent vivre à La Rochelle, et qui continuent de travailler deux jours à Paris, en cherchant des biens aux abords des parcs et du centre-ville. »  

Le risque d’une exclusion des locaux  

Les prix augmentent fortement donc, au point de mettre en difficulté les primo-accédants locaux qui souhaitent rester dans leur région. À Sète, le mètre carré a grimpé de 47%, à 3 828 euros. « La région sétoise est en train de devenir la petite Côte d’Azur », lance sans hésiter John Salomé, mandataire immobilier. Les locaux doivent aujourd’hui se déporter de plusieurs dizaines de kilomètres pour tenter de trouver un logement plus accessible. « On se retrouve avec uniquement des personnes plus âgées avec des moyens élevés », résume-t-il. Et même la location devient difficilement accessible, avec des loyers comparables au niveau des grandes métropoles étudiantes. Aux Sables-d’Olonne, « des appartements de 21 mètres carrés se louent à 600 euros par mois, cite Nicolas Pavageau, gérant de l’agence Côte & Sables. Les petits logements ont augmenté drastiquement. C’est devenu la misère pour des foyers moyens, ceux qui se séparent, qui se regroupent. Cela pénalise même la main-d’œuvre locale. Les restaurateurs ou le milieu du bâtiment n’arrivent plus à recruter parce que les travailleurs ne parviennent pas à se loger. »  

Lueur d’espoir, le retournement du marché de l’immobilier. Les prix, s’ils ne baissent pas, n’augmentent plus autant. « On peut s’attendre à une correction des prix de l’ordre de 10 ou 15% », prédit Antoine Charpentier, à Angers. Mais tous excluent un retour des prix à leur niveau d’avant-Covid.  

 

Source : Le JDD / reproduction interdite  

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