La région capitale n’a jamais compté autant d’agents immobiliers. Un pic historique a été atteint en 2021 avec plus de 6 000 agences comptabilisées dans la région, dont 40% à Paris. Un marché en surchauffe a entrainé l’ouverture de nombreuses agences mais, avec le retournement actuel risque de mettre en danger de nombreux agents.
Selon les dernières données des Urssaf, la France comptait 25 649 agences immobilières en 2021 (sans compter les près de 6 000 administrateurs de biens et 45 000 mandataires immobiliers), qui emploient 82 500 salariés. Entre 2019 et 2021 — période de crise sanitaire mais où le secteur a enregistré un nombre record de transactions (1,2 million en 2021, 1,1 en 2022), leur nombre a progressé de 11,3%. En Ile-de-France, cette augmentation est explosive. 6 034 établissements, dont 40% rien qu’à Paris (2 448), et leur nombre a grimpé de plus de 25% en quinze ans (+8% entre 2019 et 2021). Dans la capitale, on en compterait deux fois plus que de boulangeries.
Une suroffre pour un marché en difficulté
Pour Emmanuel Perray, directeur des études économiques de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), ce boom s’explique assez logiquement : « Il y a une corrélation directe entre le nombre des transactions et celui des agences : la hausse du volume des ventes entraîne, avec un léger décalage, une augmentation des créations d’agences. » La baisse des transactions depuis la fin d’année dernière devrait donc, en toute logique, conduire à la fermeture d’agences dans les mois à venir. D’autant que « 2021 est l’année où il y a le plus d’agences comptabilisées depuis vingt ans et même au-delà, vu que l’intermédiation voit sa part de marché augmenter progressivement depuis les années 1980 », souligne l’expert.
« Notre secteur a connu un niveau d’activité record en 2021 dû à la conjoncture de nombreux facteurs : un confinement qui a entraîné une demande d’espace, la création d’une épargne supplémentaire qui a servi d’apport à l’achat, des taux d’intérêt historiquement bas, complète Éric Allouche, directeur exécutif du réseau ERA Immobilier. En d’autres termes, le gâteau a grossi et a attiré du monde. Maintenant, on atterrit en douceur, le gâteau se réduit et il devient plus difficile pour les moins bons de conserver leur part. » La FNAIM prévoit une baisse du volume des ventes en 2023 de 10% à 15% (pour se situer entre 950 000 et 1 million de transactions). « Le boom d’après-Covid est derrière nous », résume Emmanuel Perray.
Les mandataires, plus exposés en tant qu’indépendants, ne sont pas les seuls touchés. « Depuis mi-2022, pas mal d’agences vont mal faute de trésorerie, on s’attend à une consolidation du secteur avec des rachats et des liquidations », souffle un agent, sous couvert d’anonymat.
Source : Le Parisien / reproduction interdite