La maison individuelle, déjà mis à mal par la conjoncture économique, pourrait faire les frais du changement climatique.
Si l’immobilier neuf souffre depuis le début de la crise ukrainienne, le marché de la maison individuelle est lui complètement amorphe, comprimé entre la hausse des prix des matériaux et la diminution des budgets, sous les coups de conditions d’accès au crédit immobilier plus complexe.
La fin des petits constructeurs.
Le « pire exercice des seize dernières années », selon le pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment, 2022 a vu le marché de la maison individuelle diminué de 30%. Et les perspectives laissent présager un déclin continu. « C’est certain, à l’avenir, nous resterons sous la barre des 100 000 maisons construites par an, alors qu’au cours des dix dernières années, nous atteignions les 125 000, » avance Loïc Vandromme, directeur général du groupe Hexaôm.
Dans ces conditions le nombre de constructeurs se cesse de décroitre, passant de 3 000 il y a 10 ans à 2 000 aujourd’hui. La filière s’attend à une concentration du marché.
Un marché délaissé par les primo-accédants
Le rêve de la maison individuelle ne semble plus accessible aux jeunes ménages. Si l’envie d’avoir son pavillon reste encore très prégnante dans la population, la hausse des prix des logements, notamment en zone urbaine, interdits aux ménages les plus modestes de se s’offrir se rêve devenu inaccessible.
L’enjeu climatique
Si la conjoncture économique participe au ralentissement du marché, le changement climatique, participe aussi au désintérêt pour le modèle pavillonnaire. Le ZAN (zéro artificialisation nette », vise à réduire l’utilisation des sols, alors que le logement est une des principales sources d’artificialisation.
En mettant fin à l’étalement urbain, les collectivités vont privilégier les logements collectifs, et la densification, à la maison individuelle. « Nous voulons préserver nos paysages et nos terres agricoles », explique Frédérique Lardet, présidente du Grand Annecy.
La densification douce
D’autres régions, poursuivent le rêve de la maison individuelle, mais changent malgré tout la donne. Ainsi se développe le « bimby » (build in my backyard), qui consiste à autoriser les permis de construire de maisons individuelles uniquement dans le cadre de division parcellaire.
Cependant tout cela inquiète aussi les élus. « La contrainte va bouleverser le modèle, mais la raréfaction des terrains constructibles va faire exploser les prix. Celui qui a de l’argent pourra toujours avoir sa maison individuelle, pas les autres », s’inquiète Sébastien Gouttebel, président de l’Association des maires ruraux du Puy-de-Dôme, qui prône une refonte du ZAN.
« A l’avenir on construira beaucoup moins de maisons, convient François Descœur, maire d’Anglards-de-Salers, dans le Cantal, et ce sera très bien si on nous aide à reconstruire les logements vacants dans les hameaux et les cœurs de village, mais pour ça, il faut beaucoup d’argent. Un véritable plan Marshall. »
Source : Le Monde/ reproduction interdite