Si depuis quelques années, la tension sur le marché de l’ancien privait les acquéreurs de tout pouvoir de négociation, la donne a changé ces derniers mois. La conjoncture compliquée entraîne des délais de vente qui s’allongent, et les acheteurs peuvent en profiter pour faire baisser les prix.
Selon les chiffres de Meilleurs Agents, dans près des deux tiers des grandes villes, les délais de vente augmentent sensiblement. « Les acheteurs prennent plus leur temps, constate Thomas Lefebvre, directeur scientifique pour SeLoger et Meilleurs Agents. Ils comparent, négocient… Résultat : les vendeurs commencent à accepter l’idée qu’ils ne pourront plus vendre au prix de l’année dernière. » Avec un effet déjà visible sur les prix : « Le marché est en train de chercher son équilibre. Ainsi, on voit bien que, dans les grandes agglomérations comme Paris, Lyon ou encore Bordeaux, un plafond de verre a été atteint car les prix baissent depuis un an. »
Une conjoncture compliquée et qui risque de durer
La guerre en Ukraine, l’inflation, le coût des matériaux et de l’énergie sont autant de difficultés pour le secteur immobilier. « Il ne faut pas oublier non plus le poids du climat social avec la contestation du projet de loi sur la réforme des retraites, souligne Yannick Jéhanno, président du réseau Laforêt. Le premier moteur pour acheter, c’est la confiance en l’avenir, et aujourd’hui, les ménages pensent surtout à épargner. » Mais, plus encore que la situation économique ou sociale, la remontée des taux d‘intérêt est la principale difficulté qui pèse sur le marché. En mars, la production de crédit est, selon la Banque de France, la plus faible depuis 2015, et moitié moins importante que l’an dernier.
Pour autant, certains marchés restent porteurs, notamment sur les littoraux. « Le Covid et le confinement ont joué un rôle important dans la perception de l’habitat, décrypte ainsi Eric Allouche, directeur exécutif chez ERA Immobilier. Les gens veulent un cadre de vie agréable, notamment ceux qui sont passés en télétravail, d’où le succès des villes proches du bord de mer. » Et, toujours selon lui, il n’est pas pertinent d’attendre une baisse des prix future. « Investir dans l’immobilier aujourd’hui demeure un investissement intelligent dans la mesure où, de toute façon, les taux d’intérêt sont inférieurs à l’inflation, martèle-t-il. Et même s’il y a moins de transactions que les deux dernières années, on devrait être aux alentours du million cette année, ce qui montre que le marché conserve un certain dynamisme. Il ne faut pas oublier qu’entre 2010 et 2020, c’était environ 900 000. »
Source : le Parisien / reproduction interdite