Auditionnés dans le cadre d’une commission d’enquête par le Sénat, les diagnostiqueurs reconnaissent une fiabilité questionnable des DPE, pourtant opposables depuis bientôt deux ans. Dans la lignée des alertes lancées par les associations de consommateurs UFC et 60 millions de consommateurs.
Encore au stade des auditions, la commission d’enquête menée au Palais du Luxembourg promet de rendre des conclusions acerbes. L’hétérogénéité des DPE est ainsi reconnue par toutes les parties auditionnées, jusqu’aux associations de diagnostiqueurs. « Le DPE n’est pas fiable, lance ainsi Frédéric Mirabel-Chambaud, président des Diagnostiqueurs indépendants (LDI). Sur de petits logements de 10 ou 15 m² et de grandes maisons de 700 ou 800 m², le logiciel est à côté de la plaque et les résultats sont aberrants. » « Les petites surfaces en dernier étage et au rez-de-chaussée sont pénalisées », confirme Lionel Janot, son homologue de la Fédération interprofessionnelle du diagnostic immobilier (Fidi). Autre défaut du dispositif : le patrimoine et sa prise en compte. M. Mirabel-Chambaud ajoute ainsi, provocateur : « Le bâtiment du Sénat est magnifique, mais les conclusions du DPE actuel suggèreraient de le raser ».
Vers une formation standardisée ?
D’autres représentants de la profession font preuve de moins d’autocritique. Yannick Ainouche, président de la Chambre des diagnostiqueurs immobiliers (CDI) de la FNAIM estime que « Bras armé de la politique publique de rénovation énergétique, la filière est une profession de reconvertis dont la formation assez légère permet d’être certifié. » Et si le syndicat propose, en plus d’une convention collective, d’un budget de formation continue et d’un diplôme d’Etat, des sanctions, seuls « certains confrères ne sont pas au rendez-vous ». « Une infime minorité qui fait les choux gras de la presse à scandale », complète Jean-Christophe Protais, président du Syndicat interprofessionnel du diagnostic immobilier, de l’analyse et de la numérisation de l’existant (Sidiane). Le cœur du problème résidant, pour Yannick Ainouche, dans le manque de professionnels. A l’échelle nationale, « il manque plus de 1000 collègues, peut-être 2000 » estime-t-il.
Le sujet est sur le bureau du ministre, qui promet « un renforcement de la formation initiale », et une révision de l’arrêté encadrant la certification d’ici l’été.
Source : Le Moniteur / reproduction interdite