Comprendre l'immobilier
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25 avr. 2023
La dette immobilière des ménages s’allège enfin
Si, depuis 20 ans, le poids de la dette des ménages s’est envolé, il s’est aujourd’hui stabilisé autour de 53% du PIB. Une bonne nouvelle, mais qui est principalement due à un marché du crédit grippé. Dans une conjoncture compliquée, et où les taux sont particulièrement élevés, Bercy doit trouver un équilibre précaire entre une dette privée qui reste acceptable, et un marché du crédit, et donc de l’immobilier, qui reste dynamique.
1 300 milliards d’euros de dette immobilière, près de 5 fois plus qu’au début des années 2000. Les taux de crédit élevés avant la crise financière, et surtout des prix de l’immobilier qui se sont envolés depuis, ont fait exploser la dette des ménages, et son poids dans la richesse nationale. Augmentant bien plus vite que le PIB, le poids de celle-ci est passé en 20 ans de 15 à plus de 50%. Avant de se stabiliser depuis deux ans.
35% d’endettement, un plafond trop strict ?
Si un endettement déraisonnable des ménages est à éviter, cette stabilisation révèle un marché du crédit qui menace de s’arrêter. En cause la règle selon laquelle un emprunteur ne peut pas s’endetter à plus de 35% de ses revenus disponibles. Si Bercy entend assouplir cette limite, « modifier ces normes de protection ne changerait pas le cycle normal du crédit immobilier mais risquerait de pousser nombre de ménages vers des situations de surendettement à durée longue et taux de crédit plus hauts », explique la Banque de France, ajoutant qu’un tel changement arriverait « au plus mauvais moment ». Malgré cette stabilisation récente, l’endettement des ménages « reste supérieur au reste de la zone euro et à tous nos grands voisins » selon l’institution (exception faite du Royaume-Uni, les Etats Unis restant recordmen de la catégorie).
Son de cloche différent du côté des professionnels. « Cette règle des 35% est trop restrictive car elle ne prend pas en compte le reste à vivre, analyse Pascale Sciacalugua, directrice adjointe du réseau du Crédit Coopératif. Or, il est possible d’aller au-delà des 35% de taux d’endettement et donc d’augmenter la capacité d’emprunt, lorsque le reste à vivre est confortable et couvre les dépenses mensuelles de l’acquéreur ». « Ce critère empêche aussi des ménages aisés d’obtenir un crédit, alors qu’ils pourraient consacrer plus de 35% de leurs revenus au remboursement d’un crédit immobilier sans bouleverser leur qualité de vie ni créer une situation de surendettement », décrypte Yann Jéhanno, président du groupe Laforêt.
Ce qui explique la volonté de Bercy d’assouplir ce plafond, alors qu’une crise de l’immobilier menace. En février, la production de crédit s’est effondrée selon la Banque de France, à seulement 12 milliards d’euros. 2 fois moins qu’en mai dernier, avant l’amorce de la remontée des taux.