Comme en France, le secteur du logement outre-Rhin est fragilisé par une conjoncture économique complexe. La hausse des taux d’intérêt et les coûts de construction qui augmentent mettent en difficulté promoteurs et ménages qui souhaitent accéder à la propriété. Au point d’appeler l’Etat allemand à la rescousse.
Jeudi dernier, les professionnels du logement se réunissaient à Berlin pour présenter les conclusions d’une étude commandée à l’ARGE, institut de recherche et de conseil spécialisé de Kiel. « Si rien ne change, nous allons assister à un véritable effondrement de la construction de logements », a prévenu Dietmar Walberg, son directeur. Comme en France, les taux d’intérêts et la hausse de coûts de construction (de 36% en 3 ans selon l’ARGE) rognent les marges des promoteurs. Au point que 40% d’entre eux, interrogés dans le cadre de cette étude, indiquent qu’ils ne construiront pas de nouveaux logements en 2023.
Or, à nouveau comme en France, l’Allemagne est en situation de pénurie. Le nombre de permis de construire est en chute libre et, avec seulement 280 000 logements construits en 2022, le pays est loin de son objectif de 400 000 livraisons par an. Et la ministre du logement Klara Geywitz (SPD, gauche) a reconnu que cet objectif ne serait pas non plus atteint en 2023. La pénurie s’aggrave donc, et risque d’entrer dans un cercle vicieux, alors que les difficultés actuelles des promoteurs vont se répercuter sur la filière, en particulier sur la main d’œuvre.
Un investissement nécessaire de l’Etat fédéral
Pour la profession, les mesures nécessaires sont nombreuses, et passent par des simplifications administratives notamment, pour faciliter la reconversion ou l’élévation. Mais plus encore, la filière espère un investissement de 50 milliards sur 3 ans pour le logement social, et encore 22 pour le logement intermédiaire. Sujet de débat au sein de la coalition au pouvoir. Ainsi, si le vice-chancelier et ministre de l’Économie Robert Habeck (Grünen, écologiste) estime que le bouclier énergétique (budgété à 200 milliards d’euros) pourrait notamment aider le secteur immobilier, les investissements publics seront largement limités par le ministre des Finances Christian Lindner (FDP, libéral). L’ensemble du secteur reste aujourd’hui suspendu à des annonces officielles du gouvernement qui, comme en France, tardent à venir.
Source : Les Échos / reproduction interdite