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30 sep. 24

Réindustrialisation, les industriels se renouvellent pour faire accepter leurs sites dans les territoires


Délocalisation, nuisances, risques, compétitivité mondiale : des facteurs qui ont parmi tant d'autres contribué à la désindustrialisation du pays. Pour permettre à la France de retrouver une indépendance et une attractivité qui, cumulées, mèneront à la souveraineté nationale, les acteurs industriels doivent faire face à de nouveaux enjeux économiques et sociétaux : densifier sans artificialiser, attirer et retenir les talents, réduire l'impact environnemental, gagner en performance énergétique…
Y parviennent-ils ? par quels moyens ? L’agence Patriarche, France urbaine, la Banque des Territoires et JLM Conseil sont partis à la rencontre d’acteurs dans tous les territoires français pour échanger sur leurs stratégies d’adaptation au sein de territoires, parfois hostiles aux industries. Ils ont étudié les leviers activés et les mutations opérées pour concevoir des projets qui s’intègrent harmonieusement dans un tissu urbain restreint, et qui soient acceptables pour les territoires, leurs écosystèmes et leurs habitants.
 
 
La transition environnementale comme levier
Pour tout projet de nouveau site, une question se pose en premier lieu. Où s’implanter ? Dans un contexte d’objectif ZAN, la pénurie de foncier à artificialiser impose aux industriels de redoubler d'inventivité pour bénéficier des hectares nécessaires à leur activité : construction verticale, bâtiments modulables et multi-usages (tests, prototypage, lignes de production, bureaux…), réhabilitation d’anciens bâtiments… À l’instar de B612, un bâtiment de 24 500 m² répartis sur 7 étages, construit sur une parcelle de 7 920 m² seulement, à Toulouse (Occitanie), à l’initiative de la Métropole. Ce bâtiment totem est dédié à la R&D technologique pour l’aérospatiale, l’espace et les systèmes embarqués.
Par ailleurs, afin de contribuer à une société plus respectueuse de l’environnement, d’autres industriels font le choix de mettre leur process ou leur produit au service de la communauté du territoire (entreprises, habitants…) : gestion des déchets, réemploi, économie circulaire, production/stockage d’énergie… Il en est ainsi de Blue Paper qui, à Strasbourg (Grand Est), produit du papier brun à partir de déchets de cartons provenant des communes et entreprises de la région et d'Allemagne. La démarche de l'industriel ne se limite pas à contribuer à une gestion plus durable des déchets, puisque, l’entreprise distribue sa chaleur fatale (chaleur libérée lors du process industriel) pour chauffer les logements et industries à proximité. L’entreprise Maximum s’est, quant à elle, installée à Ivry-sur-Seine (Île-de-France), pour concevoir du mobilier design à base de rebuts industriels, issus de la Région. Et Néolithe, fondée en 2019, s’est installée à Chalonnes-sur-Loire (Pays de la Loire), ville d’origine des deux fondateurs, dans la perspective de produire des granulats, destinés à la production de béton bas carbone, en fossilisant des déchets non-recyclables provenant du BTP ou des déchèteries.
 
Recréer du lien, initier des synergies : indispensables à la cohésion territoriale
Pour tisser de nouveaux liens avec les habitants, qui perçoivent, pour certains, encore l’industrie comme une source de nuisances (odeur, bruit, trafic routier...), les entreprises déploient des projets destinés à mieux s’intégrer à proximité des lieux de vie. Ces initiatives incluent la création de quartiers mixtes, la réinsertion de fonctions urbaines (commerces, logements, loisirs), et l’intégration d’une dimension patrimoniale aux industries… À l’image du quartier industriel Novaciéries au centre de la ville de Saint-Chamond (Auvergne-Rhône-Alpes) qui connaît un projet de renouvellement urbain conséquent depuis 2013. Initié par Saint-Étienne Métropole et la Ville de Saint-Chamond, et géré par la société publique locale Cap Métropole, le projet vise à maintenir les industriels tout en créant un quartier mixte inséré dans la trame urbaine. Cela se traduit par le renforcement des activités industrielles et le retour de l’ensemble des fonctions urbaines (commerces, loisirs, logements, espaces publics). Aujourd’hui, les 80 entreprises présentes sur le site, avec 1 500 emplois, forment le poumon économique d'un territoire en lien permanent avec ses habitants.
Pour renforcer l’activité économique du territoire les entreprises industrielles créent des lieux de rencontre et de synergie entre entreprises. Conscients que l’indépendance économique et la compétitivité passent inévitablement par une forte capacité d’innovation, ils animent des écosystèmes et s’engagent pour la montée en compétences de l’industrie elle-même (technologie, technique, digitalisation, industrie 4.0). C’est le cas de Hall 32, un centre de promotion des métiers de l’industrie, construit à Clermont-Ferrand (Auvergne-Rhône-Alpes), pour former les étudiants et les professionnels au développement de pièces et produits industriels. KMØ, à Mulhouse (Grand Est), est, quant à lui, un lieu d’échange et de services aux entreprises articulés autour de l’innovation industrielle (formations numériques, mise en relation, laboratoires d’expérimentation…). Et l’association PIICTO, à Fos-sur-Mer (PACA), déploie et anime une démarche d’écologie industrielle, en fédérant les acteurs du territoire pour accélérer leur décarbonation.
 
 
Des talents, un ancrage et une innovation produit, les clefs de la compétitivité
Enfin, dans un contexte international fortement concurrentiel, ces nouvelles formes d’implantation ne suffisent pas sans l'innovation produit et les talents nécessaires pour les concrétiser. Alors que l’industrie a fait naître des bassins économiques locaux historiques, on observe, depuis la désindustrialisation initiée dans les années 70, une chute de l’emploi et un appauvrissement des savoir-faire. En se réimplantant, en développant de nouvelles activités ou en renforçant leur ancrage territorial, les entreprises industrielles amorcent un nouveau cycle destiné à attirer les talents et ainsi à enrichir les territoires. C’est le pari d’Airbus Helicopters à Marignane-Vitrolles (PACA). Ce leader mondial s’est engagé dans un pacte territorial avec les collectivités et industries du territoire pour faire du site industriel de 80 ha qu’il occupe, un campus national dédié aux hélicoptères. Pour attirer de nouveaux collaborateurs, il est notamment prévu de renforcer l’accessibilité des transports durables et en commun.
Enfin, quand l’innovation, née et produite localement, dépasse les frontières de l’hexagone, l’industriel peut considérer comme une réussite son implantation et la valeur ajoutée au territoire. Deux exemples : Moustache Bikes, qui a réhabilité un savoir-faire disparu et percé le marché international, en ancrant à Thaon-les-Vosges (Grand Est) sa production de cadre de vélos électriques made in France ; et SilMach, qui, avec son micromoteur au silicium révolutionnaire (récompensé au CES Las Vegas en janvier 2024), initialement destiné à l’horlogerie, ouvre des perspectives dans d'autres secteurs (aéronautique, défense, santé, mécanique...) et permet à la France d’entrer en compétition avec les acteurs historiques suisses.
 

Si vous souhaitez approfondir les nouvelles formes d’implantation industrielle dans les territoires ou explorer plus en détails certains exemples avec l’agence Patriarche, n’hésitez pas à nous contacter.
 

Avec France Urbaine, la Banque des Territoires et JLM Conseil, l’agence Patriarche a réuni 25 récits industriels locaux dans un recueil « Les 25 lieux qui changent l’industrie en France ».
Il sera dévoilé le 2 octobre à l’occasion de 2 tables-rondes organisées de 17h30 à 19h :
  • 17h30 : Innover, collaborer et projeter avec le territoire.
  • 18h15 : Nouveaux acteurs, besoins et services.